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Le recrutement, cela ressemble parfois à une partie de poker. Avec plus ou moins de bluff, quelques oublis volontaires voire de véritables mensonges. Mais, comme dans toute partie, il ne faut pas sous-estimer son adversaire. S'il voit clair dans votre jeu, vous risquez de tout perdre.
Un recruteur dispose de plusieurs atouts dans sa manche pour découvrir ce que vous ne voulez pas lui révéler. Grâce à Internet, aux réseaux sociaux ou à quelques coups de téléphone bien ciblés, il peut mettre le doigt sur une partie de votre vie personnelle ou professionnelle que vous aviez délibérément occultée.
Découvrez les différents moyens utilisés par les chasseurs de têtes et autres DRH pour retrouver ces informations que vous croyez cachées.a
Les détails de votre carrière
Information indispensable à votre candidature, la liste de vos précédents employeurs peut faire l'objet de vérifications de la part d'un recruteur. Surtout si certains éléments de votre CV de lui mettent la puce à l'oreille.
"Si le candidat explique qu'il a été commercial dans la boîte de son oncle, cela incite à creuser, explique Philippe Dylewski, ancien recruteur devenu détective privé. Pour vérifier, on n'appelle évidemment pas le tonton, qui peut être dans la combine, mais plutôt la réceptionniste, moins suspicieuse." Les expériences à l'étranger, par définition plus compliquées à vérifier, ou encore celles qui se sont déroulées dans une entreprise qui, depuis votre passage, a fait faillite peuvent aussi titiller la curiosité de la personne qui cherche à vous embaucher. Et le conduire à vérifier vos informations.
Vos compétences professionnelles
Quand vous entrez dans un processus de recrutement un peu poussé, il n'est pas rare que vous soient demandées des références chez vos anciens employeurs. "Les références fournies par le candidat n'ont en général pas beaucoup d'intérêt car on en connait la teneur positive", estime Philippe Dylewski. Cependant, si le candidat propose de contacter son ancien DRH, qui a peu de chance d'avoir directement travaillé avec lui, le recruteur peut devenir suspicieux.
Passer au-delà des références fournies n'est certes pas une pratique commune, mais certaines situations l'imposent. Un chasseur de têtes se souvient d'un candidat dont les références dressaient un tableau trop idyllique du candidat. "Je vérifie alors sur les réseaux sociaux et je remarque que le candidat et ses références n'ont pas travaillé dans la même entreprise au même moment. En vérifiant auprès de l'entreprise, j'apprends que le candidat n'y travaille plus depuis 6 mois..."
Votre parcours scolaire
Pour connaitre votre cursus, certains recruteurs se contentent de votre CV. D'autres réclament les diplômes. Les plus suspicieux vérifieront que vous avez bien suivi le cursus annoncé. Les informations disponibles en ligne indiquent parfois votre année de diplôme, vos éventuelles mentions voire même le thème de votre mémoire.
Certains candidats prétendent avoir suivi telle école alors qu'ils n'y sont restés qu'un an, ce qui est suffisant pour répondre aux questions mais pas forcément pour assurer le poste. "Si on ne peut pas consulter l'annuaire des anciens élèves, le plus simple consiste à appeler directement les établissements, en particulier le service emploi des grandes écoles", explique Philippe Dylewski. Ils comprennent vite qu'ils n'ont pas intérêt à ce que leur diplôme soit usurpé. Et peuvent permettre de lever un lièvre.
Votre réputation professionnelle
Ce que vous avez fait ou dit dans le passé ne regarde que vous ? Peut-être, mais cela vous suit malgré vous. Une petite recherche toute simple sur Internet peut faire ressortir certaines de vos prises de position ou ce qui se dit sur vous. "On s'interdit de faire des recherche concernant la vie personnelle des candidats, affirme un recruteur. En revanche, dans le cas d'un cadre expérimenté, il nous arrive de regarder s'il a été présent à des conférences, si l'on parle de lui... Notre logiciel comprend même un module consacré aux informations glanées sur le Net."
Votre présence dans des colloques, vos tribunes dans la presse ou vos prises de positions sur des forums spécialisés peuvent aider les recruteurs à esquisser votre profil professionnel. Reste que ce type d'éléments est en général favorable au candidat.
Des photos personnelles
En vacances, en famille ou en soirée, les clichés que vous prenez n'ont probablement pas vocation à se retrouver entre les mains de votre futur employeur. Pourtant, par négligence, les photos que vous mettez en ligne peuvent rester accessibles à quiconque cherche des informations sur vous. "Pourtant, il est possible de ne permettre qu'à votre mère de voir la photo de vous à 5 ans, mais beaucoup ne prennent pas le temps de limiter ces accès", se lamente un recruteur.
Evidemment, un recruteur ouvert d'esprit ne vous en tiendra pas rigueur. "Que vous vous déguisiez en Dalida le samedi soir, cela fait-il de vous un mauvais commercial ?", ironise Philippe Dylewski. Reste que, selon les secteurs et les entreprises, tous les employeurs ne réagissent pas de la même façon. Mieux vaut donc limiter l'accès à vos photographies privées.
Des oublis professionnels volontaires
Sur les réseaux sociaux, il y a ce que vous dites. Et ce que l'on dit de vous. Autant d'informations qui circulent sur la Toile. "De manière générale, sur les réseaux sociaux, les informations privées intéressent peu les recruteurs, reconnait Philippe Dylewski. Cependant, certains commentaires se révèlent intéressants, par exemple : "félicitations pour ta nouvelle entreprise !" Un candidat qui crée son entreprise, c'est suspect."
Mieux vaut donc faire attention sur ce qui traine sur Internet à votre sujet. Les informations de la vie privée peuvent être gênantes mais rarement pénalisantes. En revanche, des informations sur votre carrière aiguiseront nécessairement la curiosité des recruteurs.
Un passé plus ou moins trouble
"J'ai déjà entendu certains de mes confrères demander à l'un de leurs contacts aux renseignements généraux des informations sur un candidat", témoigne un professionnel des RH. Cette méthode, parfaitement illégale, reste cependant extrêmement marginale. D'autant plus que les policiers semblent aujourd'hui beaucoup plus contrôlés dans leur consultation des fichiers.
Mais un passé peu glorieux ne se cache pas uniquement dans les secrets du casier judiciaire. Ces informations peuvent être accessibles à tous, pour peu qu'ils cherchent un peu. "On m'a demandé de faire une recherche sur un homme pas plus tard que ce matin, raconte le détective privé Philippe Dylewski. C'est dans un article de presse de 1996, disponible en ligne, que je l'ai retrouvé : il était présenté sous les traits d'un escroc.