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En dépit parfois de leur impact sur le développement socio-économique, les acquisitions massives des terres par les investisseurs nationaux et étrangers suscitent des réticences et des levées de boucliers au sein des populations en Afrique, a révélé un constat lors d'une réunion des organisations paysannes du continent tenue lundi et mardi à Yaoundé.
"Ils [les investisseurs étrangers, ndlr] savent que nous sommes pauvres et ils se ruent sur nous maintenant pour récupérer ce que nous avons, à commencer par la terre, le sous-sol. Aujourd'hui, les producteurs se voient chassés de leurs terres et exclus de leur terroir", a déclaré à Xinhua Kolyand Palébélé, président du Conseil national de coordination des producteurs ruraux du Tchad.
"Nous sommes assis sur l'or, ils le savent bien. Au Tchad comme au Cameroun et en Centrafrique, il y a de bonnes terres. C'est eux qui nous ont empêchés d'exploiter ces terres", a ajouté M. Palébélé lors d'une concertation sous le thème "accès à la terre, acquisition et développement rural en Afrique : nouveaux enjeux, nouvelles opportunités".
Sous l'égide de la Plateforme régionale des organisations paysannes d'Afrique centrale (PROPAC), dirigée par la Cameroun Elizabeth Atangana, et avec le concours du Centre technique pour la coopération agricole et rurale (CTA) basé aux Pays-Bas, ces assises ont rassemblé représentants de la société civile, élus (députés et maires), représentants de l'administration et d'organisations internationales.
Consacrées à une réflexion sur la protection et le renforcement des droits fonciers dans les pays africains, elles ont donné l'occasion surtout aux responsables d'organisations de producteurs ruraux, à l'instar du Tchadien Kolyang Palébélé, d'exprimer leur opposition à des politiques gouvernementales qui favorisent l'accès aux terres aux groupes ou simples personnes d'intérêts financiers, au détriment des intérêts des populations.
D'après les estimations, le potentiel mondial de terres cultivables disponible serait de 3.325 millions d'hectares dont 2.541 millions d'hectares de bonne qualité et 784 millions d'hectares de terres modérément adaptées à l'usage agricole. Sur les réserves de terres à potentiel agricole, 949 millions d'hectares se trouveraient en Afrique et en Amérique latine, dont près de la moitié dans quelques pays : Angola, République démocratique du Congo (RDC), Soudan, Argentine, Bolivie et Colombie.
Il est par ailleurs fait état d'un peu moins de 4.000 millions d'hectares de forêts sur la planète, environ 3.400 millions d'hectares de savanes et de pâturages non cultivés, 1.500 millions d'hectares de terres cultivées et 380 millions d'hectares couverts par les villes. Entre 20 et 30 millions d'hectares auraient fait l'objet de transactions ces dernières années, estime le Fonds des Nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO).
Dans un marché foncier relevant généralement de l'Etat en Afrique, en Asie centrale tout comme en Amérique du Sud, des investisseurs publics et privés, nationaux et étrangers, lancent des programmes d'acquisition, de location ou d'utilisation contractuelle de terres agricoles dans des pays disposant de ressources foncières bon marché, constatent les observateurs.
"L'Afrique devient un pôle d'attraction à travers les potentialités économiques, notamment la terre. Elle représente un intérêt vital, des opportunités meilleures pour les investisseurs étrangers (...) Il est important que nous mettions en place nos propres institutions et politiques pour que les Africains ne soient pas lésés lorsqu'il faudra vendre les terres", a avisé Augustin Mpoyi Mbunga, responsable d'Ong (organisation non gouvernementale) en RDC.