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Une grande partie du succès repose sur l équipe et pas seulement en termes d expertise technique. Le regard un peu idéaliste des ingénieurs interviewés dans la récente publicité de démonstration de l iPad n est pas inhabituel. Selon Annie Gentès, Maître de Conférence à Télécom Paris Tech, les meilleurs inventeurs sont ceux qui sont presque toujours passionnés par leurs inventions. « Un inventeur doit être optimiste. Autrement, il abandonne. » ajoute-t-elle.
Souvent, les idées se perdent, parce qu il n y a personne pour véhiculer auprès d un plus large public la signification d une invention. Il faut en général faire appel à des concepteurs et à d autres personnes non spécialisées pour aider à transformer une innovation en un produit commercialisable.
Gentès qui collabore avec une équipe de concepteurs et d experts en nouveaux médias, pour aider à trouver des applications pour les idées conçues par les chercheurs de ParisTech, explique que cette transformation s avère être un processus complexe.
Nous discutons d abord avec les inventeurs, dit-elle. « Nous les questionnons sur leurs sentiments, leurs valeurs, parce que c est une chose très importante à savoir. Ces technologies sont déjà imprégnées d un certain nombre de valeurs» nous dit Gentès.
Ce n est pas toujours facile. Souvent, ils ne sont formés que pour écrire sur la dimension technique de leur invention, non sur les rêves qui ont abouti à la créer. « Il faut les aider à dire ce qu ils pensent de leur propre technologie et de leurs valeurs et même de leurs lectures, des ouvrages qu ils ont lus, du roman qui les a inspirés » dit-elle.
« La plupart du temps lorsque vous vous lancez dans un projet, vous vous rendez compte qu il a été inspiré par certains ouvrages de référence, ou certains films, et que cela aide vraiment la technologie à naître » dit-elle.
Ensuite, dit-elle, nous essayons de trouver des liens entre l imagination de l inventeur et ce qui se fait sur le plan culturel. « Nous prenons en considération ce que les gens font déjà, comment ils réagissent par rapport aux produits culturels, aux images, à l art, au cinéma, aux romans & à tout ce qui fait partie de la culture populaire. »
Nous nous posons les questions suivantes : « qu est ce que les gens font aujourd hui ? Qu est-ce qu ils imaginent ? Quelle est la tendance actuelle dans le roman ? Qu est-ce qui se passe lorsque les gens échangent entre eux, et dans quelle mesure ceci peut-il inspirer notre propre produit et le rendre plus attrayant dans ce vaste monde ? »
Selon Gentès, l objectif, en définitive, c est de découvrir des désirs dans la culture en relation avec ce nouveau concept. « Le désir ne se résume pas à répondre à la question : vais-je résoudre plus vite ce problème ? Evidemment, c est souhaitable. Mais la plupart du temps, c est quelque chose d un peu différent & une invention naît d une histoire » affirme-t-elle. Comprendre cette histoire sous-jacente peut permettre d identifier des applications, et de combler le fossé entre la technologie et la société.
Enfin, plus prosaïquement, ils étudient ce qui existe déjà dans le monde en rapport avec l invention, et ils essayent ensuite de développer des scénarios pour ces applications.
Pourtant, même le fait d exécuter parfaitement cette phase n est pas une garantie suffisante de succès. « Il y a des intérêts commerciaux et des gens influents qui promeuvent une technologie et non une autre » affirme Isabelle Demeure, professeur de télécommunications à ParisTech. « C est probablement plus facile si vous êtes Microsoft ou aujourd hui Google pour adopter une technologie et la promouvoir que si vous êtes une géniale start-up vous n avez pas assez de pouvoir dans ce dernier cas. »
Par exemple, les comités de normalisation ont tendance à être dominés par de grands acteurs, qui peuvent façonner les normes selon leurs propres intérêts, dit Isabelle Demeure. « Il y a des gens qui luttent contre des idées qu ils ne jugent pas bonnes, mais très probablement, ils sont fortement influencés par leur entreprise », dit-elle.
« En fin de compte, ce qui sera retenu comme normes dépend essentiellement des acteurs, de l effort que vous y consacrez, des crédits dont vous disposez pour faire participer les personnes aux réunions, du lobbying qui pourrait être exercé, » ajoute-t-elle.
Dans le secteur industriel, d autres facteurs peuvent également intervenir. Souvent ce que les économistes appellent un marché dual est nécessaire pour qu une innovation puisse décoller. Les préférences des consommateurs ont leur importance, mais pour l iPod, par exemple, Apple à réussi à convaincre des labels discographiques de s associer à l iTunes store, ce qui a permis de faire de l iPod une « application révolutionnaire ».
Le dernier acte appartient, naturellement, au marketing face à des consommateurs versatiles une activité complexe qui devient de plus en plus compliquée même si la compréhension du processus par les spécialistes s approfondit.