Certaines plantes vénéneuses du désert du Sahara s avèrent efficaces dans l anéantissement d un champignon qui ravage les palmiers dattiers au Maroc et en Algérie, ravivant ainsi l espoir d une solution à ce problème centenaire.
Une équipe de chercheurs algériens estime que quatre plantes sont efficaces contre le champignon responsable de la maladie du Bayoud. Ce champignon, qui se propage principalement par le contact entre les racines, ne peut être combattu pour l'instant qu'en isolant les palmiers saints de ceux qui sont affectés. Cette maladie a été qualifiée par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) de « fléau pour l'agriculture du Sahara ».
Cette équipe de l'Université de Béchar a testé des extraits de plantes qui poussent dans le désert du Sahara et qui sont utilisées par les populations du Sud-Ouest de l'Algérie comme traitement traditionnel contre les champignons.
Ces plantes ont réussi à freiner la croissance du Fusarium oxysporumforma specialis albedinis (Foa), l'agent de la maladie du Bayoud.
Conduite par Abdelkrim Cheriti, Directeur du Laboratoire de phytochimie et de synthèse organique de l'Université de Béchar, l'équipe a annoncé les résultats de son étude il y a un mois (11 novembre), lors d'une conférence de presse, et précisé qu'un article avait été publié dans la presse.
Cheriti a relevé que la plupart des plantes du désert produisent des substances qui les aident à s'adapter à leur environnement et à se prémunir contre les maladies.
« Notre idée consistait à utiliser ces métabolites, prélevés sur les plantes qui poussent dans le même environnement que les palmiers dattiers, et qui sont capables de résister au Bayoud, pour développer un traitement efficace adapté aux palmiers dattiers », a-t-il explique à SciDev.Net.
Un essai sur le terrain a démarré en octobre au Sud-Ouest de l'Algérie. Ses résultats devraient être connus dans trois ans.
« Le Bayoud nuit gravement à la production des dattes en Algérie et en Afrique du Nord et a pratiquement décimé une partie des meilleures souches de l'arbre qui produit des dattes de haute qualité », annonce à SciDev.Net Ben Aichi Bachir, professeur d'économie à l'Université de Mohamed Khidar Biskra.
Il a ajouté que « si le nouveau traitement naturel est validé après un essai à grande échelle, il pourrait améliorer la production des dattes dans la région, tout en réduisant les coûts de production ». La nouvelle approche de la lutte contre la maladie serait moins chère que les approches actuelles, conclut-il.
Mais Nadia Bouguedoura, Directrice du laboratoire de recherche sur les zones arides à l'Université Houari Boumediene des sciences et technologies en Algérie, rappelle que toutes les approches nouvelles de la lutte contre la maladie du Bayoud sont encore à la phase préliminaire.
Pour elle, ce traitement constitue « une étape cruciale dans la recherche d'une solution définitive à cette maladie », mais elle ajoute que le traitement doit encore être testé sur le terrain et ses résultats doivent être confirmés ».
« En attendant sa validation, le contrôle génétique par la reproduction des espèces résistantes à la maladie du Bayoud reste le seul moyen efficace de [lutter contre la maladie] », conclut-elle.
Selon la FAO, les Etats arabes sont les principaux producteurs et exportateurs de dattes. Environ 70 pourcent des 120 millions de palmiers dattiers se trouvent dans le monde arabe et la valeur de leur production annuelle s'élève à plus de US$ 1 milliard.
Elle affirme que « la maladie se propage inexorablement vers l'Est » et « va certainement poser de graves problèmes humains, sociaux et économiques aux autres zones de production de dattes dans le monde ».
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Un article de Toufik Bougaada (Scidev)