Index de l'article
A partir de quand peut-on devenir manager de transition ?
Le premier des critères lorsqu'on envisage d'être manager de transition est celui du passé professionnel. "C'est un métier que l'on exerce traditionnellement entre 45 et 65 ans, indique Jean Lachaud, manager de transition pendant douze ans, auprès du réseau Amadeus Dirigeants. Avant comme après, il est difficile de s'imposer auprès de l'entreprise cliente." Plus que l'âge, c'est évidemment l'expérience accumulée qui compte : avec 10 ans de passé professionnel, on est considéré comme jeune dans le métier et on ne s'attaquera pas aux dossiers sensibles. 15 à 20 ans d'expérience est davantage la norme.
Ces expériences peuvent avoir été accumulées via des missions de 3 à 5 ans dans des entreprises différentes, par exemple des postes de directions dans plusieurs PME. Elles peuvent aussi avoir été engrangées dans la même société, grâce à la mobilité interne. Attention tout de même à pouvoir justifier des missions variées, au siège et en filiales, en France et à l'étranger...
Quelles expériences faut-il avoir sur son CV ?
Il faut avant tout avoir une très bonne maîtrise de son métier d'origine, quitte à être "surqualifié" pour la mission. Cela passe par des connaissances techniques, parfois spécifiques comme en temps de crise : "un DRH de transition devra savoir monter des plans sociaux, négocier avec les représentants du personnel, maîtriser les risques de séquestration, énumère Karine Doukhan. Un DAF devra savoir négocier avec les banques ou jongler avec les normes comptables."
En revanche, une connaissance du secteur d'activité n'est pas toujours obligatoire, l'essentiel des missions reposant sur une maîtrise des techniques de management et de gestion de projet. Cela dépend du contexte de la mission : "s'il s'agit de revoir en profondeur le contrôle de gestion d'un groupe à l'échelle européenne, il faudra pouvoir rentrer rapidement au cSur de l'activité du client. Il sera alors pertinent de bien connaître le secteur", poursuit la spécialiste.
Valoriser ses erreurs
En revanche, ces expériences ne seront pas obligatoirement de bons souvenirs. "Evitez d'avoir à votre actif un parcours sans faute, recommande Jean Lachaud. Ce n'est pas quand tout va bien que l'on apprend beaucoup." Il est donc judicieux de mettre en avant ses échecs... à condition de savoir expliquer les enseignements qu'on en a tirés.
Etre ouvert aux idées des autres
"Bien souvent, le manager de transition doit uniquement aider les salariés à accoucher des solutions à leur problème, assure Jean Lachaud. On raconte beaucoup plus de choses à un intervenant extérieur qui n'a aucun avenir dans la maison. Et lorsque ce que disent les trois quarts des personnes interrogées converge vers la même idée, c'est facile de prendre une décision." L'écoute active et l'humilité sont donc deux qualités essentielles que doit posséder le manager de transition. Arriver avec des recettes toutes faites, c'est courir à l'échec.
Une intelligence des situations et une bonne communication interpersonnelle sont également indispensables, notamment pour faciliter son intégration et désamorcer les conflits potentiels.
Savoir s'imposer
Mais comme il n'est pas qu'un coach mais un dirigeant exécutif, le manager de transition doit aussi savoir faire preuve de fermeté. "Il doit savoir prendre des décisions et les défendre, quel que soit la strate hiérarchique à laquelle il s'adresse", conseille Karine Doukhan. Etre passé par les différents niveaux de responsabilités d'un métier permet ainsi au manager de transition de plus facilement "faire l'hélicoptère", à savoir s'adresser avec les arguments appropriés à ses différents interlocuteurs, à la base comme dans les hautes sphères. Et face aux résistances trop importantes, il faut savoir trancher dans le vif et se séparer des personnes les plus hostiles. Là encore, la démarche est facilitée par le fait que le manager ne fait jamais complètement corps avec l'organisation.
Enfin, il faut être doté d'une grande résistance au stress, surtout lorsqu'on est amené à intervenir dans des situations de la dernière chance.
Vous avez le profil de l'emploi et vous voulez vous lancez ? Plusieurs options s'offrent à vous.
Choisir son statut
De par son statut d'indépendant, le manager de transition se retrouve devant la même palette de choix que le consultant. Il peut donc opter pour un statut de travailleur indépendant. Il aura le choix entre créer une entreprise individuelle, fonder une société (une EURL ou une SARL par exemple) ou opter pour le statut d'auto-entrepreneur. Cette dernière option sera particulièrement indiquée s'il veut tester le marché et qu'il envisage de réaliser moins de 32 000 euros par an de chiffre d'affaires. Il peut alors cumuler un autre revenu.
Il peut aussi s'associer à un réseau. De portage, tout d'abord, pour mutualiser les coûts annexes et profiter, selon les cas, d'un carnet d'adresses. Il peut enfin rejoindre les désormais nombreux réseaux de management de transition et être sous contrat de prestatation, d'intérim voire de salariat selon les cas.
"Lorsqu'on se lance, il est très recommandé de s'adresser à un réseau afin de se faire reconnaître comme manager de transition, note Jean Lachaud. Ensuite, on peut rester fidèle à ce ou ces réseaux tout en n'oubliant pas d'être soi-même dans une démarche de prospection active."
Choisir sa mission
Attention aussi à ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre dès le début. Une mission à risque dans un contexte social délicat sera peu appropriée à un débutant qui aura d'ailleurs bien du mal à asseoir sa crédibilité. "Nous faisons commencer nos managers de transition par des missions d'intérim management : elles ont moins d'enjeux et le manager doit péréniser l'existant plutôt qu'impulser le changement", indique la dirigeante de Robert Half Management Resources.