Quelques 15 milliards de dollars d acquisitions ont été annoncées en juillet dernier, et la dernière en titre est l accord de vente du distributeur sud-africain Massmart au géant américain Wallmart.

Au cours de la dernière décennie, l'Asie avait été pour beaucoup le continent où investir pour les entreprises intéressées par les économies à croissance rapide. Le récent accord d achat de la Massmart Holdings par Wal-Mart Stores au 27 septembre dernier pour 4,6 milliards de dollars pourrait être le signal d un virage vers l'Afrique comme nouvelle destination juteuse pour les multinationales.

Outre l'acquisition de Wal-Mart (le plus gros distributeur américain), HSBC Holdings est en pourparlers pour acheter une participation de contrôle au sein du groupe Nedbank, quatrième banque d'Afrique du Sud, et le japonais Nippon Telegraph & Telephone achète Dimension Data, la plus grande société de technologie en Afrique.

En tout, plus de 15 milliards de dollars de transactions en Afrique ont été annoncées depuis juillet dernier. Et ce n'est pas fini... Selon l'analyste financier indépendant Aly Khan Satchu,  basé à Nairobi :

Les achats importants comme celui de Wal-Mart ont été une révélation pour le reste du monde, faisant apparaître l'Afrique sur les écrans de radar.

David Shapiro, responsable de l unité Afrique de la Sasfin Holdings securities ajoute: «Toute transaction est possible. » Un nombre croissant d'entreprises des États-Unis, de Chine, du Japon et de Grande-Bretagne est impatient d'exploiter le potentiel de croissance d'un continent de 1 milliard de personnes, notamment compte tenu des faibles perspectives de croissance dans de nombreux pays développés.

Le Fonds monétaire international a par exemple revu à la hausse le 21 septembre dernier ses prévisions de croissance pour 2010 en Afrique du Sud passant de 2,6 à 3,2 pour cent. Dans le même temps, les gouvernements africains sont séduits par les investissements des entreprises chinoises qui souhaitent tirer parti des plus gros gisements mondiaux de platine, de chrome, et des diamants.

La distribution

Le contrat avec Wal-Mart a attiré l'attention sur le secteur de la distribution en Afrique. La holding sud-africaine Shoprite, le plus gros distributeur alimentaire du continent avec plus de 1000 magasins dans 17 pays, ainsi que la chaîne de supermarché Pick n Pay Stores reçoivent désormais des offres de gros distributeurs européens comme Carrefour ou Tesco, explique Stephen Carrott, analyste basé à Johannesburg pour le compte du groupe Macquarie.

Shoprite, qui compte 124 supermarchés sur le continent et prévoit d en créer 20 autres au Nigeria au cours des deux prochaines années, est une « excellente » acquisition potentielle, précise-t-il.

Une autre société dans les projecteurs est Bidvest, qui obtient 57 pour cent de son chiffre d'affaires en Afrique australe. Avec des activités allant du concessionnaire d'automobiles à des opérations de services financiers, « Bidvest est une cible de choix pour miser sur une croissance en Afrique. », explique Wayne McCurrie de RMB Asset Management. Simon Hudson-Peacock, responsable des analystes actions chez Cadix Asset Management, affirme que les actifs de Bidvest pourraient attirer l'attention d'un acquéreur comme Sysco.

Barloworld, qui vend des machines fabriquées par Caterpillar, est bien adaptée à l'Afrique», selon McCurrie. Il ajoute que la plus importante société alimentaire sud-africaine, Tiger Brands, est un «bon pari» pour les entreprises internationales dans la mesure où les gens dépensent plus en alimentation quand leurs pays deviennent plus riches.

La téléphonie mobile

Avec pas moins d'un tiers de la population africaine détenant des téléphones portables, les analystes croient que les compagnies telles que la société indienne Bharti Airtel vont chercher d'autres marchés sur lesquels s appuyer. Cette année, Bharti a investi 9 milliards de dollars pour acheter des actifs africains de la compagnie Koweïtienne Mobile Telecommunications lui donnant ainsi accès à 15 marchés africains, après avoir échoué dans les négociations de fusion avec le groupe sud-africain MTN, le plus grand opérateur de téléphonie mobile du continent.

Les entreprises étrangères sont susceptibles de s adosser à l'Afrique du Sud, première économie du continent, comme un tremplin vers des marchés tels que le Kenya et le Nigeria. L Afrique du Sud s apparente au « siège social pour le reste de l'Afrique », selon Shapiro.

En résumé : Dans la foulée des 15 milliards de dollars de transactions de reprise de groupes africains depuis l'été, les entreprises mondiales sont susceptible d investir encore plus en Afrique.

Analyste sur Nextafrique.com.

L. Trame a travaillé au sein de plusieurs banques d'investissements de la place de Paris. Ses centres d'intérêts sont l'économie, la finance de marché et les nouvelles technologies.