Les dirigeants de trois blocs économiques régionaux africains ont signé un accord pour développer une zone de libre-échange s'étendant du Cap au Caire. La zone de libre échange englobera 26 pays et 600 millions de personnes pour un produit intérieur brut estimé à environ 1 milliard de dollars, selon un communiqué publié après une conférence tenue hier à Johannesburg.
« La création d'une zone de libre-échange tripartite permettra de renforcer le commerce intra-régional en créant un marché plus vaste, en accroissant les flux les investissements et en améliorant la compétitivité et le développement des infrastructures interrégionales. », selon le communiqué.
La réunion a été suivie par les dirigeants de la Communauté de développement sud-africaine (SADC), le Marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA), et la Communauté Est Africaine (EAC). Il s agissait de leur deuxième rencontre depuis un premier sommet en octobre 2008. Les dirigeants ont convenu de poursuivre les négociations.
Trois ans pour le lancement
Les 26 pays africains qui ont ouvert des négociations se sont donné trois ans pour commencer à lancer la zone de libre-échange, selon une déclaration faite lundi par le ministre du Commerce d'Afrique du Sud.
« Nous nous sommes engagés à avoir deux phases de négociations. », explique le ministre Rob Davies, lors d'une conférence de presse.
« La première implique l'obtention d'un accord sur le commerce des marchandises et l'élimination des barrières tarifaires. Ce processus impliquera la participation de la communauté des affaires. », dit-il. « Le calendrier pour cela est de trois ans. »
Il a ajouté que la deuxième phase, pour laquelle il n'a pas donné de délais, mettrait l'accent sur le commerce des services et la propriété intellectuelle.
Davies a, par ailleurs, précisé que l'adhésion au bloc ne signifie pas changer les accords existants.
« C'est la différence entre une zone de libre-échange, qui n'oblige pas une de renégocier les accords commerciaux existants, et une union douanière. », dit-il. Il a également soutenu qu'il était « prématuré » de parler d'une monnaie commune pour l'Afrique.
Le Président sud-africain Jacob Zuma a, pour sa part, expliqué lors d'une conférence de presse que l'Afrique a besoin d'éliminer les entraves à la circulation des marchandises au sein de ses frontières et que le développement des infrastructures doit redresser le commerce intra-africain.
Les africains les plus faibles bénéficieront du libre-échange (expert)
L Afrique du Sud, première économie du continent, est le moteur de l'intégration régionale car elle cherche à créer un marché plus important pour des entreprises telles que Shoprite, le plus grand détaillant africain. L'économie africaine a connu une croissance moyenne de 5,7 pour cent par an au cours de ces 10 dernières années, selon le Fonds monétaire international. Ce qui alimente l'expansion d'une nouvelle classe moyenne.
Selon un expert du développement africain, les pays les plus faibles qui craignent d'être submergés dans une énorme zone de libre-échange en profiteront à terme.
Kennedy Mbekeani, un officiel de la Banque africaine de développement, explique qu à court terme il y aura des perdants économiques dans la zone. Mbekeani s est exprimé dimanche dernier en marge du sommet.
Au début, selon Mbekeani, certains voudront établir des barrières, tarifaires entre autres. Mbekeani affirme que ces obstacles devraient être temporaires, et qu au moment où ils seraient levés, les pays devront identifier et renforcer les secteurs de la production ou du service dans lesquels ils pourraient avoir un avantage concurrentiel.