Les communications par satellite ont un rôle crucial à jouer pour aider à combler le fossé numérique qui, actuellement, marginalise une grande partie de l'Afrique subsaharienne qui n'a pas accès aux technologies haut débit.
Ce sont les conclusions d'un nouveau rapport socio-économique publié hier par l'Organisation des télécommunications du Commonwealth (CTO) lors d'une cérémonie qui s'est tenue à la Royal Commonwealth Society à Londres, en présence d'un certain nombre de représentants de la communauté du développement, du secteur public et du secteur privé.
La recherche intitulée « L'impact socio-économique du haut débit : L'avantage du satellite » a été sponsorisée par le groupe Avanti Communications, un revendeur de services de données de communications par satellite pour les entreprises de télécommunications.
L'étude part du constat que la grande majorité de l'Afrique subsaharienne est à la traîne par rapport au reste du monde en termes de connectivité à large bande en raison d'une offre limitée et des prix très élevés.
L'un des points clés soulignés par le rapport est que le haut débit ne doit pas seulement être considéré comme une conséquence de la croissance économique, mais plutôt comme un élément moteur.
En effet, la recherche démontre qu'une augmentation de 10% du taux de pénétration du haut débit génère une croissance économique de 1,38%, soit près du double de l'impact de la hausse correspondante de la téléphonie fixe.
Actuellement, les réseaux de satellites à bas coûts complètent les réseaux câblés terrestres et sous-marins et améliorent l'écosystème de la transmission à large bande. Le haut débit par satellite est la clé de la fourniture de l'accès rural, car il n'est pas entravé par les difficultés rencontrées par les réseaux de fibre optique.
En ce sens, le rapport du CTO argumente que malgré l'augmentation des câbles sous-marins optiques et des réseaux terrestres, 40% de l'Afrique subsaharienne ne pourra pas avoir accès aux services à large bande à moins d'une plus vaste utilisation des satellites en tant que technologie complémentaire.
En savoir plus sur les bandes Ka, Ku et C
La bande Ku est une gamme utilisée pour la télévision et la radio. Dans ce domaine, elle s'étend de 10,70 à 12,75 GHz. Cette bande est la plus répandue en Europe, du fait de la petite taille des paraboles nécessaires à sa réception.
La bande C est une gamme de fréquences comprises entre 3,7 et 4,2 GHz. La puissance d'émission, qui lui est généralement associée, est relativement faible, en comparaison avec la bande KU par exemple. Elle nécessite donc des paraboles de grande taille pour sa réception et est particulièrement développée en Afrique.
La bande Ka (Kurtz-above) est une gamme de fréquences qui s'étend en émission de 27,5 à 31 Ghz. Elle est généralement utilisée pour l'accès Internet haut débit par satellite. A taille et puissance d'antenne équivalente, l'utilisation de la Bande Ka permet à des terminaux de présenter des performances supérieures à celles qu'ils pourraient avoir dans des bandes de fréquence plus basses.
Lors de la conférence ICT Indaba qui s'est tenue à Cape Town au mois de juin dernier, les ministres africains des Technologies de l'information et de la Communication ont fixé un objectif de 80% pour le taux de pénétration du haut débit d'ici 2020.
Actuellement, 341 millions de personnes vivent au-delà de la portée du réseau à large bande à base de fibres. Selon l'étude du CTO, le haut débit par satellite a un rôle essentiel à jouer pour combler ce manque.
En guise de recommandation, le CTO exhorte les gouvernements et institutions africains à adapter les politiques et les règlementations afin de mieux reconnaître le rôle que les satellites peuvent jouer dans la fourniture d'un accès à large bande rentable et concomitant avec la croissance économique.
Pour le professeur Tim Unwin, PDG du CTO, « La dernière génération de satellites en bande Ka sera en mesure de fournir une solution beaucoup plus rentable que l'existant en bande C et en bande Ku. Cela atténuera l'idée que le satellite est tout simplement trop cher, mais en fait, fournit une technologie complémentaire à la fibre et au mobile en permettant l'accès à haut débit à travers l'Afrique ».
« Notre objectif est d'atteindre les millions de personnes en Afrique pour lesquelles le haut débit est encore un rêve lointain », a affirmé David Williams, directeur général d'Avanti Communications, lors de la présentation du rapport.
En somme, l'étude du CTO appelle les gouvernements à prendre conscience du potentiel à grande échelle et de la rentabilité de l'utilisation des satellites pour le développement économique et social du continent, mais aussi pour son potentiel d'applications à divers secteur comme la défense et la sécurité.