Une émission de téléréalité kenyane travaille à combler le fossé entre les petits agriculteurs et les chercheurs - et elle a le potentiel pour améliorer les rendements des cultures de millions de téléspectateurs et générer des millions de bénéfice pour les communautés rurales, selon son créateur.
Shamba Shape-Up (Shamba signifiant petit champ en swahili) associe présentateurs vedettes et musique entraînante avec des conseils d'experts sur la fertilité des sols, la prévention des maladies, l'énergie solaire et le financement.
"L'agriculture est l épine dorsale de l économie kenyane et le gagne-pain de nombreuses personnes", indique au Guardian David Campbell, créateur de l émission et directeur de Mediae, une société de 'divertissement éducatif'.
"Nous avons une audience potentielle de 5,6 millions de téléspectateurs en milieu rural... mais il n'y a pas d'information agricole à la télévision. Nous voulons créer une série qui donne des informations aux agriculteurs d'une manière éducative et divertissante".
Selon Campbell, les donateurs des pays développés investissent beaucoup trop d argent sur la recherche et trop peu sur la communication aux agriculteurs des résultats de cette recherche.
"Nous avons pensé que les grands instituts de recherche se jetteraient sur [l émission] comme un moyen de diffuser leurs informations. Mais nous n avons enregistré absolument aucune participation, en particulier dans le domaine de l'élevage. La prochaine série fait toutefois vraiment intervenir la recherche de l icipe [International Centre of Insect Physiology and Entomology ou Centre international de physiologie et d'entomologie des insectes] sur les méthodes biologiques de lutte contre ce qui ravage les cultures".
Dans le premier épisode, diffusé en mars, la ferme de George Mungai a subi une "métamorphose".
George a indiqué aux présentateurs qu'il avait un problème de stockage du maïs et que ses vaches avaient la peau sur les os parce que cela coûtait trop cher de les nourrir. Sa femme Lucy s est plainte de ce que les poulets entraient dans la cuisine et mangaient la nourriture, et ses enfants ont ajouté qu'ils ne parvenaient pas à faire leurs devoirs parce que les lampes à pétrole s éteignaient trop vite. L une des filles voulait une étagère sur laquelle poser les assiettes lavées.
Le co-présentateur Tonny Njuguna, un acteur bien connu, a dit: "Allons le faire!"
Une analyse du sol a été réalisée et on a recommandé d utiliser de l'engrais, un poulailler a été construit, le stockage du maïs a été amélioré, des lampes solaires ont été fournies, et l étagère de la cuisine a été construite.
L'équipe est retournée chez eux depuis pour voir comment se portent George et sa famille. L agriculteur affirme qu'il commence à obtenir un bien meilleur prix pour son maïs, et que ses pommes de terre poussent bien.
"[Ce programme] m'a appris à pratiquer une meilleure agriculture", dit-il. "J'ai appris à bien planter les pommes de terre ... l'aviculture, l'élevage des vaches laitières. Cela a presque doublé mes rendements".
Il révèle également ses secrets à ses voisins, de sorte qu'ils puissent eux aussi améliorer leur rendement.
La première série, qui prendra fin en juin, est suivie par environ 4 millions de personnes au Kenya. L'équipe espère que la prochaine sera suivie par 3 à 4 millions de personnes en Tanzanie et deux millions en Ouganda. Elle est diffusée sur Citizen TV en anglais et en swahili et reçoit jusqu à 3000 SMS après chaque émission - avec de nombreux téléspectateurs demandant des brochures d'information.
Shamba Shape-Up a reçu 600 000 dollars du Fond pour le Défi africain d entreprise (African Enterprise Challenge Fund ou AECF), un organisme du secteur privé. Parmi les autres sponsors figurent le Consortium africain pour la fertilité des sols (Africa Soil Health Consortium ou AECF) et le ministère britannique pour le Développement international.