La hausse modérée des prix dans l Union est le résultat d une politique monétaire prudente de la BCEAO.

L observation historique de l évolution de l inflation dans l Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), montre qu elle est une zone de faible inflation, comparativement aux autres pays de la sous-région de l Afrique de l ouest, faisant face aux mêmes chocs réels que les pays de l Union.

L inflation en moyenne s y est située en dessous de 1% pendant les quatre premières années de la décennie 1990 avant que la dévaluation de 1994 ne provoque mécaniquement une hausse importante des prix (31,3%). Un an plus tard, l inflation est retombée en deçà de 10%. Au cours des dernières années (2000-2009), elle s est située en moyenne à 2,8%, tirée essentiellement par les chocs d origine interne (climatique, socio-politique) ou externe (pétrole, produits alimentaires).

En particulier, l année 2008 a été caractérisée par une hausse significative de l inflation, dans un contexte de tensions généralisées sur les prix dans l ensemble des régions du monde. Le taux d inflation dans l Union s est situé en moyenne à 7,4% en 2008 contre 2,4% en 2007. La progression des prix au cours de l année 2008 provient du renchérissement des céréales locales dans tous les pays, en rapport avec la baisse de la production de la campagne agricole 2007/2008 et de l augmentation des prix des produits alimentaires importés. Elle résulte également de la hausse des prix des carburants, en rapport avec le niveau record atteint par les cours du baril de pétrole brut en 2008, ainsi que de leur incidence sur les tarifs des transports et de l électricité.

Globalement, le taux d inflation dans les États membres de l UEMOA ressort largement en dessous de celui enregistré dans les autres pays de la sous-région. A titre d illustration, le taux d inflation annuel moyen calculé sur la période 2001-2008 est estimé à environ 3,1% dans l Union contre 9,8% au Ghana et 12,9% au Nigeria.

Dans notre espace commun, comme dans la plupart des pays africains, les déterminants de l évolution des prix liés à l offre sont, soit d origine interne (offre alimentaire ou énergétique, fiscalité, contexte socio-politique, etc.), soit d origine extérieure (cours mondiaux du pétrole, cours des devises, évolution des prix dans les principaux d importation, etc.). Du côté de la demande, l évolution des prix dépend essentiellement du déficit budgétaire et de la liquidité de l économie (évolution de la masse monétaire par rapport à celle de la production des biens et services).

Trois déterminants.

Plusieurs études menées par la BCEAO sur les déterminants de l évolution des prix dans l UEMOA ont montré que le niveau de l inflation est principalement déterminé par trois éléments :

  • l inflation importée,
  • la production vivrière,
  • l évolution de la masse monétaire.

En ce qui concerne l inflation importée (notamment l augmentation des prix en France), il est prouvé qu une hausse de 1 point de pourcentage en France induit une progression de 1,03 point de pourcentage des prix dans l Union à court terme et de 0,56 point de pourcentage à long terme pour ce qui est de la production vivrière, une baisse de 1 point de pourcentage de la production vivrière se traduit par une hausse des prix de 0,15 point de pourcentage à court terme et par une inflation supplémentaire de 0,2 point de pourcentage à long terme.

Quant à l évolution de la masse monétaire, une progression de 1 point de pourcentage de la masse monétaire entraîne une progression de l inflation de 0,09 point à court terme et de 0,29 point à long terme. La hausse modérée des prix dans l Union est le résultat d une politique monétaire prudente de la BCEAO. En effet, la Banque Centrale a toujours conduit une politique monétaire orientée sur une évolution modérée du crédit intérieur (Position nette du gouvernement vis-à-vis du système bancaire et des crédits à l économie) pour ne pas induire des tensions sur les prix et surtout pour ancrer les anticipations inflationnistes.

Par exemple, une hausse de ses taux directeurs se traduit par un faible taux de l inflation qui est toutefois rapide, avec une ampleur maximale observée entre un et deux trimestres, après la mesure et une persistance d une durée de cinq ans, avant le retour à la tendance de long terme. La progression de 10,7% en moyenne de la masse monétaire sur la période 2000-2009 a contribué pour un peu moins 1,0 point de pourcentage à la réalisation du taux d inflation de 2,8% sur cette période.

L entrée en vigueur de la réforme institutionnelle assigne un objectif explicite de stabilité des prix à la BCEAO. Cette réforme, en consacrant une meilleure répartition des missions et des responsabilités entre les différents organes de la BCEAO avec la création d un Comité de Politique Monétaire chargé de la définition de la politique monétaire et du choix de ses instruments renforce la BCEAO dans sa capacité à lutter efficacement contre les risques inflationnistes.

Hormis quelques périodes de hausse généralisée des prix due à des chocs exogènes, la conduite de la politique monétaire de la BCEAO a permis d assurer une stabilité des prix dans les États membres de l Union. L entrée en vigueur de la Réforme Institutionnelle devrait conduire la Banque Centrale à centrer davantage son action sur l objectif de stabilité des prix, à la faveur du renforcement de ses outils d analyse et de prévisions des prix à la consommation.