Elumelu, président de Heris Holdings, a donné 6,3 millions de dollars pour en faveur de l’aide aux victimes des inondations au Nigeria en 2012.

L'émergence d'une nouvelle génération de super- riches en Afrique a été accompagnée par la croissance soutenue des fondations philanthropiques de style occidental et d'autres formes structurées de don. Environ 7 milliards de dollars américains sont donnés chaque année par des Africains bien nantis, selon un rapport récemment publié par l’African Grantmakers Network.

Qui sont-ils ?

Une nouvelle génération de riches hommes d'affaires font des choix différents, tournant le dos aux dons ponctuels du passé, et faisant évoluer le visage de la philanthropie africaine. Voici la liste des 10 philanthropes africains les plus généreux (et fortunés), compilée à partir d’enquêtes réalisées par Forbes et AFK Insider.

François van Niekerk, Afrique du Sud. Le fondateur du groupe Mertech a donné 70% de ses fonds propres (évalués à 170 millions de dollars) de sa Fondation Mergon, qui finance des initiatives pour le renforcement des compétences, l’éducation et la santé.

Allan Gray, Afrique du Sud. Le propriétaire de la firme de gestion de placements Allan Gray, a donné 150 millions $ à sa Fondation Allan Gris Orbis. La fondation octroie des bourses d'études du secondaire et soutient d'autres causes.

Theophilus Danjuma, Nigeria. Le président de South Atlantic Petroleum a battu les records philanthropiques nigérians quand il a donné 100 millions de dollars pour mettre en place la Fondation TY Danjuma, un organisme d'octroi de subventions, partenaire avec des ONG œuvrant dans l'éducation, la santé, la politique et les domaines liés à la pauvreté.

Donald Gordon, Afrique du Sud. Le milliardaire de l'immobilier et de l'assurance a fondé la Fondation Gordon Donald qui a donné un montant estimé à 50 millions de dollars pour développer les établissements d'enseignement supérieur et les arts au Royaume-Uni.

Aliko Dangote, Nigeria. Le président du groupe Dangote a récemment abordé le domaine de la philanthropie et a déjà apporté d'importantes contributions totalisant 35 millions $. Il a contribué à Flood Relief, une ONG qui crée des logements sociaux et des universités au Nigeria, et a également donné 500.000 dollars pour les victimes d'une explosion de munitions à Brazzaville, au Congo en 2012.

Mark Shuttleworth, Afrique du Sud. Après avoir vendu son entreprise de sécurité numérique pour 575 millions $, Shuttleworth a dépensé 20 millions de dollars pour le développement du logiciel open source, Ubuntu, et 20 millions de dollars - à travers la Fondation Shuttleworth - pour le financement de projets à impact social.

Jim Ovia, Nigeria. Le fondateur de Zenith Bank a donné 6,3 millions de dollars dans l'effort de secours à la suite des inondations au Nigeria en 2012. Grâce à sa fondation « Youth Empowerment & ICT », il a beaucoup donné pour que les jeunes s’intéresser aux TIC, notamment 320.000 $ pour aider 10 jeunes entrepreneurs nigérians à créer leurs entreprises technologiques.

Strive Masiyiwa, Zimbabwe. L’homme le plus riche du Zimbabwe et fondateur de Econet Wireless, Masiyiwa a propagé son œuvre philanthropique à travers plusieurs pays africains, dont le Zimbabwe. Il a établi une fiducie de 6,4 millions de dollars en 2012 pour financer pour les formations de 40 étudiants. Il soutient également des organisations qui aident les orphelins au Zimbabwe.

Tony Elumelu, Nigeria. Elumelu, président de Heris Holdings, a donné 6,3 millions de dollars pour en faveur de l’aide aux victimes des inondations au Nigeria en 2012. Sa Fondation Tony Elumelu offre une formation en entrepreneuriat pour les jeunes Africains.

Arthur Eze, Nigeria. Le magnat du pétrole a fait un don de 6,3 millions $ pour l’aide aux victimes des inondations au Nigeria. Il fait également des dons importants en faveur de l'enseignement supérieur.

D'autres philanthropes notables incluent : Mike Adenuga et Hakeem Belo - Osagie du Nigeria ; Manu Chandaria et Naushad Merali du Kenya ; Ashish Thakkar d'Ouganda ; la famille Sawiris d'Égypte ; Patrice Motsepe et, Nicky Oppenheimer, Raymond Ackerman, Tokyo Sexwale et Cyril Ramaphosa d'Afrique du Sud, ou encore Mo Ibrahim du Soudan.

Vers une philanthropie stratégique ?

La croissance économique soutenue en Afrique, accompagnée par un ralentissement économique dans les pays occidentaux a contribué à « l'émergence rapide de formes structurées de philanthropie stratégique par de riches Africains », note le rapport. Bien que croissance économique n’ait pas levée la profonde disparité entre riches et pauvres, elle a réussi donné naissance à une classe moyenne émergente, qui pourrait, selon les estimations du rapport, mettre à disposition 22 milliards de dollars supplémentaires pour la philanthropie en Afrique.

La tendance largement appréciée est l’approche adoptée par Tony Elumelu : la philanthropie stratégique, qui vise à résoudre les problèmes à la source en offrant une éducation aux femmes, aux jeunes ou en aidant les nouveaux entrepreneurs.

Mais certains dans le domaine avertissent qu’à moins que les 54 pays du continent - chacun avec son propre contexte - développent localement des modèles philanthropiques communautaires, ces nouveaux modes de dons ne pourront pas changer la vie des pauvres sur le long terme.

Faire des dons, c’est bien, payer ses impôts c’est mieux

Dans un autre registre, Mo Ibrahim, le milliardaire d’origine britannique, surnommé le « Bill Gates d'Afrique » pour ses efforts philanthropiques sur le continent, a signé le Giving Pledge, traduit par « promesse de don », une campagne lancée par Warren Buffet et Bill Gates afin d'encourager les personnes les plus fortunées des États-Unis à s'engager en donnant la majeure partie de leur argent à des fins philanthropiques. Cela l’engage à reverser la moitié de sa richesse. Il a offert un prix de 5 millions de dollars sur 10 ans, et un autre 200 000 dollars à vie, pour les dirigeants africains qui excellent en matière de bonne gouvernance.

En lieu et place d’aides et de subventions, l’imposition de taxes sur les multinationales règlerait le problème de la pauvreté du continent. Mo Ibrahim a expliqué que l’Afrique perdait chaque année entre 30 et 40 milliards de dollars de ressources du fait de l’évasion fiscale dont se rendent responsables les représentants des entreprises étrangères implantées en Afrique. « Payez vos impôts, nous n’avons pas besoin de votre aide », a imploré M. Ibrahim en s’adressant aux dirigeants.

 

Analyste sur Nextafrique.com.

Titulaire d'un MBA,Kingsley travaille à Londres comme responsables du développement Afrique d'un groupe d'import-export. Il est passionné d'innovation et par l'étude des stratégies de développement.