En 2014, la Somalie a exporté 5 millions de têtes de bétail vers les marchés du Golfe arabique, un volume record rendu possible grâce à des investissements lourds dans la prévention des maladies animales avec le soutien de l'Union européenne et le Royaume-Uni, annonce aujourd'hui la FAO.
C'est la première fois depuis 20 ans que la Somalie exporte un aussi grand nombre de bétail.
Les données chiffrées sur les exportations ont été recueillies par l'Unité d'analyse de la sécurité alimentaire et de la nutrition gérée par la FAO. Elles indiquent qu'en 2014 la Somalie a exporté 4,6 millions de chèvres et de moutons, 340 000 bovins et 77 000 dromadaires pour une valeur estimée à environ 360 millions de dollars.
L'élevage est le pilier de l'économie somalienne, contribuant à hauteur de 40 pour cent du produit intérieur brut.
«Il s'agit là d'une étape clé pour la filière élevage de la Somalie suite aux investissements importants qui ont été engagés pour soutenir le développement commercial de cette filière appelée à devenir de plus en plus compétitive sur les marchés internationaux», a déclaré M. Saïd Hussein Lid, Ministre somalien de l'élevage, des forêts et des terres de parcours. «Cela est important à la fois pour l'économie somalienne en général et pour les moyens d'existence de millions d'éleveurs dans toute la Somalie», s'est-il exclamé.
«Le potentiel du secteur est énorme», selon le Ministre somalien.
«Cela montre qu'en dépit des défis, le peuple somalien œuvre avec succès en vue d'améliorer son économie et sa sécurité alimentaire», a souligné de son côté M. Richard Trenchard, responsable du Bureau de la FAO en Somalie. «La FAO et ses partenaires sont déterminés à maintenir leur engagement et leur implication à l'appui de ces efforts», a-t-il ajouté.
Les acheteurs de bétail d'Arabie saoudite, du Yémen, de l'Oman, du Koweït, du Qatar et des Émirats arabes unis ont tous su tirer avantage de l'essor de l'élevage en Somalie suite à la mise en place de mécanismes améliorés de surveillance et de contrôle des maladies animales.
L'Arabie saoudite, en particulier, a contribué à l'augmentation régulière des exportations somaliennes au cours des six dernières années en levant un embargo vieux de neuf ans sur les importations de bétail en provenance de Somalie, une interdiction qui visait à prévenir la propagation de la fièvre de la vallée du Rift.
Retour sur investissement
Au cours des cinq dernières années, la FAO, avec le soutien financier de l'Union européenne et du gouvernement britannique, a prêté main-forte aux autorités somaliennes en investissant massivement dans les infrastructures de l'élevage, la production de fourrage, la vaccination du bétail et les services vétérinaires.
Les maladies animales transfrontières ont été au centre de l'attention, car elles peuvent décimer un grand nombre d'animaux tout en entraînant des pénuries alimentaires, des perturbations sur les marchés et des barrières commerciales.
Chaque année en Somalie, la FAO vaccine en moyenne 12 millions d'animaux contre la peste des petits ruminants, une maladie virale très contagieuse et souvent mortelle qui attaque les chèvres. En outre, 12 millions d'autres caprins sont traités et vaccinés chaque année contre la péripneumonie contagieuse des caprins qui cause des pertes importantes pour les éleveurs somaliens.
Outre les campagnes de santé animale, quatre abattoirs modernes, quatre marchés de la viande et trois marchés de bétail ont également stimulé le commerce local du bétail dans toute la Somalie.
«Il ne fait aucun doute que le bétail est, et restera pendant longtemps, au cœur de l'économie somalienne», a souligné M. Trenchard. .
La poursuite des investissements pour renforcer les services publics chargés de l'élevage en Somalie est essentielle en vue de l'augmentation des revenus, de la réduction de la vulnérabilité des ménages ruraux et de la croissance à long terme du secteur, selon M. Trenchard, pour qui la filière se trouve aujourd'hui à la croisée des chemins.
«Un investissement dans l'élevage signifie un investissement dans la croissance économique de la Somalie dans son ensemble», a-t-il fait remarquer.
Valeur ajoutée grâce aux sous-produits
Avec l'essor du commerce du bétail, la FAO s'emploie actuellement avec le concours du gouvernement somalien et ses partenaires à identifier d'autres possibilités pour tirer de la valeur ajoutée à partir des sous-produits animaux.
En 2012, grâce à une initiative financée par le Royaume Uni, des éleveurs nomades somaliens ont été formés pour fabriquer du savon en utilisant la moelle osseuse de dromadaire et des bijoutiers ont été formés pour sculpter des cuillères, des colliers et des vases de fleurs à partir des os de ces mêmes bêtes.
En mai 2015, la FAO doit commencer à former 150 Somaliens dans le tannage du cuir, une opportunité potentiellement lucrative pour la filière de l'élevage dans son ensemble. D'autre part, un programme financé par l'UE est actuellement en cours pour améliorer la qualité du lait dans le nord-ouest de la Somalie, une des principales régions de production de lait du pays.
Les chiffres de 2014 représentent pour la Somalie un niveau optimal d'exportation de bétail, selon les experts de la FAO qui veulent inciter les producteurs à réorienter les priorités vers l'exportation de la viande et d'autres sous-produits.
Un système de certification, mis au point par la FAO le long du «corridor du bétail» Galkayo-Bossaso, doit également contribuer à l'amélioration de la qualité du bétail à la fois pour la consommation locale et l'exportation.