Le centre Action nature et médecine (ANAMED) bat campagne dans plusieurs communes de Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo (RDC), pour encourager les ménages à consommer les feuilles et graines de l'arbre Moringa Oleifera pour sauver des vies.

Assis sous un arbre, Zozo Bazomba, biologiste et assistant de l'ANAMED, une organisation non gouvernementale congolaise, distribue des sachets de la poudre de moringa aux personnes venues s'en procurer, à Kinshasa, dans la commune de Bumbu, au siège de l ANAMED. Ce sont souvent des malades souffrant de diabète, d hypertension ou des mères qui nourrissent des enfants souffrant de kwashiorkor.

Selon Bazomba, huit kilogrammes de feuilles donnent moins d un kilogramme de la poudre. Ainsi, avec sa plantation de 10 hectares à Mingadi, dans la province du Bas-Congo (ouest de la RDC), ANAMED est en mesure de produire environ 80 sachets de 75 grammes de poudre.

A l Unité de nutrition de traitement intensif du Centre de santé Libondi, à Bumbu, Eric Kiambi, nutritionniste et responsable de ce service, se réjouit des résultats obtenus auprès des enfants malnutris accueillis récemment dans ce centre. «Autrefois, nous avions du mal à recevoir beaucoup d enfants à prendre en charge lorsque nous attendions le soja et du lait de nos partenaires. Mais aujourd hui, avec l apport de moringa, le centre héberge environ 20 enfants malnutris», déclare-t-il à IPS.

Vénantie Wabo, une autre nutritionniste du centre, explique: «Moringa est une réalité dans bon nombre de ménages aujourd hui. C est une plante de substitution pour les cas de malnutrition et de carence en micronutriments. Rien qu'avec sa poudre, on peut récupérer la santé d'un enfant souffrant de malnutrition aiguë en un temps record».

Pour sa part, Anne Biyela, la grand-mère de Nkanza, âgé de huit ans, témoigne: «A notre arrivée au centre de santé, mon petit-fils avait les pieds enflés. Beaucoup de gens ne pensaient pas qu il allait survivre une semaine. La prise quotidienne de la bouillie, accompagnée de la poudre de moringa, l a réellement aidé et maintenant il va bien».

Biyela ajoute à IPS: «Le centre nous a encore encouragés à utiliser les feuilles de cette plante comme une légumineuse dans nos différents repas pour maintenir l équilibre des membres de nos familles».

Clotilde Kasowa, une religieuse franciscaine missionnaire et responsable du foyer des enfants, dans la commune de Kintambo, à Kinshasa, déclare à IPS: «Nous nous occupons de 27 orphelins logés et nourris ici. Ils ne souffrent jamais d anémie puisqu ils sont régulièrement nourris avec les feuilles et de la poudre de moringa que nous ajoutons aux feuilles de manioc, au lait et au thé».

«C est beaucoup mieux que le soja, et nous vendons également de la poudre conditionnée de moringa. Un sachet de 75 grammes coûte 2.500 francs congolais (environ 2,5 dollars)», ajoute-t-elle.

Huguette Ifoto, la chef de cuisine, affirme que près de 70 enfants orphelins malnutris étaient pris en charge dans ce foyer des religieuses, mais ils ne sont plus que 27 maintenant. «Pour réussir notre action, la communauté franciscaine, qui occupe de nouveaux espaces dans la périphérie de Kinshasa, s adonne à la plantation de moringa. Cela nous aide beaucoup dans l obtention des feuilles avec lesquelles nous produisons de la poudre qui sert d ingrédients au menu de nos pensionnés», indique-t-elle à IPS.

Par ailleurs, avant l arrivage et la distribution des médicaments anti-rétroviraux (ARV) en RDC, le moringa servait de produit de base dans le traitement des personnes vivant avec le VIH (PVVIH).

Jean Lukela, coordonnateur du Réseau national des organisations d assises communautaires  Groupes supports des PVVIH (RNOAC-GP) - explique à IPS: «Le moringa est un aliment complémentaire pour les ARV. Quand ces produits n existaient pas encore sur le marché, il était conseillé aux PVVIH de consommer les graines de moringa pour renforcer leur immunité. Jusqu à ce jour, cela est prêché dans toutes les communautés des PVVIH».

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Judith Zangafio, chargée des questions sociales au RNOAC-GP, une ONG locale, déclare à IPS que le moringa, c est la vie. En effet, toutes les PVVIH, qui sont accueillies au siège du réseau à Kinshasa, arrivent dans un état critique et souvent très affaiblies. Mais avec la prise quotidienne des graines de moringa, ils récupèrent facilement du poids en peu de jours à l étonnement de tous.

Le fils de Marie Tsimba, atteint lui aussi du VIH, était dans un état de malnutrition aiguë. «Les amis m ont conseillé de le mettre sous cure de moringa pour tous ses repas. Et 45 jours après, les résultats étaient excellents, mon fils se porte bien», dit-elle.

De son côté, Jean-Baulin Mbo, 68 ans, qui a fait un accident cardiovasculaire, affirme que c est la prise régulière des feuilles de moringa qui le maintient encore en vie. «J'en ai fait une habitude alimentaire depuis que j'ai découvert cette plante. Je consomme souvent sa poudre avec du thé, de la bouillie, du lait ou de la boisson sucrée», explique-t-il à IPS.