Une demande locale robuste, des prix de matières premières durablement élevés, des volumes d'exportation en croissance ont soutenu la croissance africaine en 2012. Quelles sont les perspectives de croissance en Afrique et les obstacles potentiels pour 2013 ?
Eléments de réponses dans les derniers rapports Global Economic Prospect et Africa s Pulse de la Banque Mondiale.
La croissance du PIB en Afrique subsaharienne est restée robuste à 4,6 pourcent en 2012, malgré le ralentissement de l économie mondiale. Qui plus est, exception faite de l économie la plus importante et la plus intégrée à l international, l Afrique du Sud, la croissance du PIB de la région a été forte à 5,8 pourcent en 2012, avec un tiers des pays de la région croissant à au moins 6%.
Cependant, en plus du frein représenté par une économie mondiale affaiblie, des facteurs locaux, y compris un resserrement antérieur des politiques monétaires (Kenya et Ouganda), des conflits sociaux prolongés (Afrique du Sud) et des troubles politiques (Mali et Guinée Bissau) ont affaibli la croissance dans plusieurs pays de la région.
De bonnes perspectives à moyen terme
La croissance économique en Afrique subsaharienne devrait atteindre plus de 5 % en moyenne en 2013-2015, une croissance largement attribuée aux prix mondiaux élevés des matières premières et à l augmentation des dépenses de consommation sur le continent, garantissant ainsi que la région continuera de figurer parmi les régions enregistrant la croissance la plus rapide au monde, selon la dernière édition d Africa s Pulse, une analyse semestrielle des enjeux façonnant les perspectives économiques de l Afrique.
En 2012, environ un quart des pays d Afrique ont connu une croissance supérieure ou égale à 7 % et un autre groupe de pays africains, notamment la Sierra Leone, le Niger, la Côte d Ivoire, le Liberia, l Éthiopie, le Burkina Faso et le Rwanda, figure parmi les pays qui connaissent la croissance la plus rapide au monde.
Parmi, les facteurs qui stimulent la croissance africaine, les deux études de la Banque Mondiale reviennent principalement sur :
Les découvertes de nouveaux minéraux. Africa s Pulse affirme que les récentes découvertes de pétrole, de gaz naturel, de cuivre et d autres minéraux stratégiques, ainsi que l expansion de plusieurs exploitations minières et la construction de nouvelles installations au Mozambique, au Niger, en Sierra Leone et en Zambie, le tout accompagné de meilleures gouvernances politiques et économiques, ont alimenté une robuste croissance économique sur l ensemble du continent.
Croissance des dépenses de consommation et des investissements privés. Les dépenses liées à la consommation, qui représentent plus de 60 % du PIB de l Afrique, sont restées vigoureuses en 2012. Cette dynamique est due au recul de l inflation, qui est tombée de 9,5 % en janvier 2012 à 7,6 % en décembre 2012, à un meilleur accès au crédit, par exemple en Angola, au Ghana, en Mozambique, en Afrique du Sud et en Zambie, à une baisse des taux d intérêt pour chaque hausse du taux d intérêt, trois réductions furent enregistrées et à des revenus agricoles plus élevés grâce, entre autres, à de meilleures conditions climatiques en Guinée, en Mauritanie et au Niger, qui ont tous connu une meilleure saison des pluies par rapport à la récolte 2010/2011, et enfin aux rentrées constantes d envois de fonds estimées à 31 milliards de dollars pour 2012 et 2011.
Accroissement des flux d investissement. En 2012, par exemple, les flux nets de capitaux privés en direction de la région ont augmenté de 3,3 %, pour atteindre un niveau record de 54,5 milliards de dollars, et les entrées d investissements directs étrangers dans la région ont augmenté de 5,5 % en 2012, se chiffrant à 37,7 milliards de dollars.
Exportations. Les destinations traditionnelles des marchandises ont changé au cours de la dernière décennie. Depuis 2000, la croissance globale des exportations des pays d Afrique subsaharienne vers les marchés émergents, tels que ceux de la Chine, du Brésil et de l Inde, et vers certains pays de la région a dépassé celle à destination des pays développés. Le total des exportations vers le Brésil, l Inde et la Chine dépassait ainsi celui à destination de l Union européenne en 2011.
Des risques et des vulnérabilités
Les risques affectant l es perspectives restent orienté s vers le bas, avec une croissance plus faible en Chine et une consolidation budgétaire en cours dans la zone Euro et aux Etats Unis qui pourraient potentiellement faire dérailler les perspectives de croissance de la région. En outre plusieurs préoccupations locales pourraient freiner la croissance dans la région.
Crise de la dette de la zone Euro. Malgré que le pire semble être passé, si un resserrement brutal du crédit frappe certaines des plus grandes économies en difficulté de la zone Euro, la croissance du PIB dans la région pourrait baisser d un point de pourcentage.
Faiblesse de l économie des Etats-Unis. La paralysie de la politique budgétaire aux Etats - Unis pourrait restreindre la croissance dans la région d au moins 0,9 points de pourcentage en 2013.
Investissement chinois. Avec une demande chinoise qui représente quelque 50 pourcent de nombreux minerais exportés d Afrique, un recul désordonné des niveaux d investissement chinois élevés pourrait mener à une détérioration d es comptes courant et des équilibres budgétaires ainsi qu à des coupes dans les perspectives de croissance de la région.
Facteurs locaux. Plusieurs préoccupations locales, comme l instabilité politique, des conflits sociaux prolongés et de mauvaises conditions climatiques, pourraient miner la croissance dans quelques pays de la région.
La pauvreté n est pas suffisamment réduite. Après plus d une décennie de forte croissance économique, la Banque mondiale affirme que l Afrique n a été en mesure de réduire suffisamment la pauvreté sur le continent, indiquant que « le recul de la pauvreté dans certains autres pays a accusé un sérieux retard par rapport à la croissance ».
Lire l intégralité du rapport Global Economic Prospect et l édition d avril 2013 du semestriel Africa s Pulse