En 1989, seulement cinq pays d'Afrique subsaharienne disposaient de Bourses de valeurs. Mais aujourd'hui, plus de 16 pays ont des Bourses avec une capitalisation estimée à plus de 400 milliards de dollars. La plupart d'entre elles ont cependant stagné pendant des années car de nombreuses entreprises n'y étaient pas cotées.

La montée des OPI en Afrique

Qu'est-ce qu'une OPI?

Une offre publique initiale (OPI), appelée plus simplement « offre » ou « introduction en bourse », c'est quand une société propose des actions au public sur un marché boursier pour la première fois. Souvent émises par des sociétés petites et jeunes en quête de capitaux pour se développer, les OPIs peuvent également être effectuées par de grandes entreprises privées qui souhaitent être cotées en bourse.

En 2010, cela est devenu chose courante pour les entreprises africaines qui cherchent à s'agrandir. Dans le cadre d'une introduction en Bourse, l'émetteur peut obtenir l'aide d'une firme de souscription, qui lui permet de déterminer quel type de titre émettre (ordinaires ou privilégiés), le meilleur prix acheteur et le moment de le mettre sur le marché.

Une introduction en Bourse peut néanmoins être un investissement à risque. Pour l'investisseur individuel, il est difficile de prédire comment les actions ou les participations évoluent sur la première journée d'échange ou dans un avenir proche car généralement très peu de données historiques permettant d'analyser la société existent. En outre, la plupart des OPIs proviennent d'entreprises qui passent par une période de croissance transitoire, et sont donc l objet d une incertitude supplémentaire quant à leur valeur future.

Les courtiers à la Bourse sud-africaine « Johannesburg Stock Exchange » soutiennent que le développement des marchés boursiers et des OPIs en Afrique stimulera l'épargne intérieure et accroîtra la quantité et la qualité des investissements.

De plus en plus d entreprises semblent y être attentives et se donnent désormais la peine d attirer des financements à travers des offres publiques initiales.

Les meilleures introductions en Bourse en Afrique pour 2010

  • Le groupe MTN : Un peu plus tôt cette année, MTN, le géant des télécommunications a annoncé une transaction de 1,2 milliard de dollars qui a été sursouscrite à  la date de clôture. La transaction a élargi l actionnariat effectif de MTN en Afrique du Sud grâce à une offre publique de particuliers et de groupes. L'OPI a porté, en en Afrique du Sud,  le niveau effectif des participations indirectes au capital de MTN au-delà de 30% (cumul avec les initiatives précédentes de MTN).
  • Le groupe Dangote :  En Afrique de l'Ouest, l'introduction en bourse la plus importante de l'année 2010 est venue du plus grand conglomérat du Nigeria : le groupe Dangote. Après des mois de spéculations, l entité Dangote Cement a été listée par l'introduction à la Bourse du Nigeria en octobre dernier. La société a mis un million de ses actions sur le marché à un prix de vente spécial au taux de N135 par action. Selon les commentateurs de marché, l'inscription détiendrait le potentiel pour diversifier le marché des capitaux et par la suite pour l'approfondir de manière efficace, en particulier une fois que la totalité des 5,5 milliards d'actions de la société seront soldées sur le marché.
  • Vedanta Resources : En Zambie, dans un secteur économique complètement différent, Vedanta Resources, le géant minier du cuivre a levé 1,1 milliards de dollars via une introduction à la bourse de Londres en vue d étendre ses mines en Zambie et de rembourser ses dettes.

Recommandations pour les bourses africaines

S il est vrai que les bourses africaines ont parcouru un long chemin au cours de cette dernière décennie, de nombreux défis restant à relever en étouffent la croissance. Voici ce que les courtiers internationaux conseillent pour nos bourses.

  • Rendre obligatoire la publication en ligne des rapports annuels dès qu'ils sont disponibles ou postés aux actionnaires. En effet, moins de 30 pour cent des rapports annuels africains sont actuellement en ligne.
  • Exiger qu un contact IR soit clairement indiqué sur le site de l'entreprise ou le site Web des Bourse et définir un temps d exécution maximum. Les investisseurs devraient avoir accès aux sociétés dont ils sont propriétaires. Ce n est généralement pas le cas en Afrique.
  • Automatiser la publication des actions des entreprises en ligne et avec un libre accès aux pièces jointes. Pour exemple, la Johannesburg Stock Exchange propose depuis quelques années la plate-forme SENS aux bourses africaines : pourquoi ne pas l'utiliser? Les investisseurs ont besoin de prendre des décisions d'investissement éclairées.
  • Intégrer les meilleures pratiques concernant les relations avec les investisseurs de base dans le règlement de cotation. Il faudrait également nommer les entreprises qui ne sont pas conformes. Pourquoi? Parce que cela est logique et crée de la valeur.

Focus sur l'avenir des OPI en Afrique

En 2010, c est l Afrique de l'Est qui a été précurseur et qui a donné le ton au sein du continent pour ce qui est des d'innovations d'affaires, en trouvant des moyens de simplifier le climat des affaires dans la région.

Les OPI dans la région sont désormais libellées dans les monnaies des cinq pays de la Communauté de l'Afrique de l'Est. Il s agit là d une initiative qui devrait permettre de prémunir les investisseurs contre les pertes liées aux taux de change. L association des bourses de valeurs est-africaines affirme que les investisseurs pourront dorénavant acheter des actions dans leurs monnaies locales.

Résumant la situation, Gabriel Kitua, le président de l'Association déclare que « les paiements pour les actions pendant les OPIs régionales restent un défi, en référence aux risques de change et aux frais de transferts prélevés par les banques, et il y a des retards au niveau des remboursements aux investisseurs. »

La route est encore longue pour les introductions en bourse en Afrique et demeure sinueuse. Il  y a résolument des leçons importantes à retenir ici. Néanmoins, on compte plus de Bourses aujourd hui que 20 ans auparavant. Nous sommes donc sur la bonne voie.

Analyste sur Nextafrique.com.

L. Trame a travaillé au sein de plusieurs banques d'investissements de la place de Paris. Ses centres d'intérêts sont l'économie, la finance de marché et les nouvelles technologies.