Les temps sont durs pour les transactions de capital-investissement en Afrique subsaharienne ! Les deals de private equity seraient de plus en plus difficiles en Afrique, surtout ceux de tailles importantes.
Ce sont les constats d un article intéressant du Financial Times écrit par la journaliste Katrina Manson qui cite Miles Morland, l un des pionniers de l investissement en Afrique :
« En Afrique, il y a des centaines d'offres, mais il faut aller les chercher. En Occident, les banquiers d'investissement vous apportent des offres & [Mais], en Afrique, les banques d'investissement sont au bas de la chaîne alimentaire. Vous avez besoin d'aller traîner dans les bars & pour trouver les offres ».
Une activité en dents de scie
Depuis plusieurs années, tout le monde parle du potentiel de l'investissement en Afrique, particulièrement en Afrique subsaharienne. La région est en plein essor et la croissance commence à se transformer vers une classe de consommateurs domestiques, alimentée par une grosse population en pleine croissance.
l'Afrique demeure encore loin derrière le reste du monde en ce qui concerne le Private Equity qui représente pour le continent 4% des transactions sur les marchés émergents, contre 63% pour les pays émergents d'Asie. Mais l'Afrique demeure encore loin derrière le reste du monde en ce qui concerne le Private Equity qui représente pour le continent 4% des transactions sur les marchés émergents, contre 63% pour les pays émergents d'Asie.
L'histoire du private equity en Afrique a été en dents de scie. Dans les années 1990, le climat des affaires était encore difficile et même de bons investissements ont été affectés négativement par l'effondrement des devises locales
Puis vinrent les années 2000, au cours desquels étaient enregistrés de gigantesques retours sur investissement, en particulier dans le secteur des télécommunications. Le secteur a été au plus haut sur les radars mondiaux en 2005, lorsque MTC Mobile Telecommunications du Koweït, rebaptisé Zain, a acquis Celtel International, le fournisseur panafricain de télécommunications pour une valeur de 3,4 milliards de dollars US.
De nombreux investisseurs privés ont réalisé au moins 250% de retour sur investissements, et le fond d infrastructure africain AIG, géré par un précurseur d Emerging Capital Partners, avait déclaré dans un communiqué de presse avoir perçu environ 214 millions de dollars soir 4,3 fois son investissement initial de 50 millions de dollars. Mais d'autres investissements n ont le plus souvent pas aussi bien marché.
Selon Morland, « dans le contexte actuel du cycle de 2007-17, gagner de l'argent sera plus difficile. Un taux de rendement interne de plus de 20% aura l'air correct. C'est une époque où les investisseurs prudents feront plutôt mieux que les cow-boys & ».
Trouver des offres devient un véritable chemin de croix
Les discours sur les énormes possibilités de la grande région de l'Afrique et la potentielle surabondance de nouveaux investisseurs privés du Brésil, du Moyen-Orient et des États-Unis vers l'Afrique, ont été renforcés avec l entrée ces dernières années de poids lourds comme Carlyle et KKR sur le continent.
« Malgré le durcissement de l'environnement, des collectes de fonds ont du mal à rassembler ce que l'on appelle les gros investisseurs des fonds à 'gros ego' », écrit le Financial Times, avec le brésilien BTG Pactual et d'autres visant le milliard de dollars qui chercheront les grosses transactions que le marché fragmenté du continent peut rarement offrir.
La journaliste Manson cite Marlon Chigwende, co-directeur Afrique de Carlyle qui déplore le manque de transactions de private equity au-delà de 75 millions de dollars US.
Roger Leeds, fondateur de l'Association Emerging Markets Private Equity (EMPEA), déclare que l' « argent intelligent » cible les marchés moyens de moins de 50 millions de dollars, dont il estime avoir des perspectives de croissance plus forts : « Les gérants de fonds sont heureux de prendre l'argent des investisseurs mais ceux-ci mettent une pression énorme sur eux pour réaliser des transactions de plus grande envergure si bien qu ils vont s essouffler. Ils se plaignent tous des difficultés à trouver des offres et ils sont en concurrence les uns avec les autres, ce qui fait monter les valorisations ».
« Si l'histoire de la croissance africaine attire de plus en plus de fonds, les choses se durcissent. C'est une des raisons pour lesquelles des équipes de gestion locales et ingénieuses sont beaucoup plus importantes aujourd'hui que par le passé »L un des investisseurs se réfère également à un « embouteillage » des gérants de fonds en quête de capitaux auprès d'investisseurs. La firme de recherche Preqin affirme que 57 fonds de private equity axés sur l Afrique (dont la moitié se trouve en Afrique du Sud) sont à la recherche de 13,1 milliards de dollars US. Au cours des 2 dernières années, les collectes de fonds sur les marchés émergents ont augmenté de 72% sur un total de 40 milliards de dollars, mais la collecte de fonds pour l'Afrique subsaharienne a baissé de 3% à 1,45 milliards de dollars l'an dernier, bien en dessous de son pic de 2,24 milliards en 2008.
Toutefois, certains investisseurs arrivent à performer. Le fond pour l Afrique subsaharienne de Carlyle devrait clôturer au-dessus de son objectif de 500 millions de dollars au 3ème trimestre. Il a investi pour la première fois en 2012 en prenant part à une injection de fonds propres 210 millions $ dans GTE, un commerce tanzanien produits agroalimentaires. Le fonds Development Partners International de Morland a levé un financement de 500 millions de dollars en 2008 et a investi dans 9 transactions. Il lève cette année un nouveau fond de taille équivalente.
« Si l'histoire de la croissance africaine attire de plus en plus de fonds, les choses se durcissent. C'est une des raisons pour lesquelles des équipes de gestion locales et ingénieuses sont beaucoup plus importantes aujourd'hui que par le passé », conclut le Financial Times.