L'accession de Macky SALL à la magistrature suprême du Sénégal avait été saluée par des pluies hors saisons (des larmes du ciel déjà !) comme si la nature s'associait au peuple pour fêter l'évènement dans un bain purificateur sur l'ensemble du territoire national en pleine saison sèche.
D'aucun y avait détecté l'augure heureuse d'une germination de lendemains meilleurs avec un Président qui remplaça immédiatement dans son discours « les promesses électorales indéfinies » par « les engagements politiques fermes ». Et un an plus tard, à l heure de la commémoration de la deuxième alternance politique qui sonnait comme une rupture, Idrissa SECK pleura... Il y avait de quoi verser une larme pour un gouvernement cacophonique qui tarde à baliser la voie du Développement promise dans le « Yoonu Yokkutee ». L histoire du Sénégal mentionnera des pleurs silencieuses ou bruyantes d hommes politiques mais jamais des larmes n auront fait autant de vagues que celles de Idrissa SECK en ce mois de mars 2013.
En partant du magistère de Abdou DIOUF, nous avions regardé avec stupeur Habib THIAM, alors premier Ministre, chialer comme un gamin, en pleine présentation de sa politique générale. Pris sans doute d une soudaine conscience que le verbiage dans l hémicycle ne convainc ni les députés mobilisés à sa cause encore moins le peuple septique mais tout de même à l écoute, l homme du « Kuy waa ja ? » avait fondu en larmes. Et son discours se noya dans un torrent de hoquets et de sanglots. Il avait pleuré sincèrement sa déficience argumentaire devant son ami de Président et le Peuple médusés. Un autre aux larmes sincères, Moustapha NIASSE, 74 ans, membre éminent du cabinet de SENGHOR où il a contribué à formater l Etat- Nation. C est sur les épaules de Macky SALL, un « gosse » né après les indépendances, qu il se hissera pour accéder à la Présidence de l assemblée nationale du Sénégal. Réalisant du coup qu il n occupera, sans doute, jamais la Présidence de la République, il se mit à pleurer à chaude larmes. Ensuite nous avons découvert le saule pleureur du Gouvernement de Macky, le très fragile Ministre de l intérieur, Mbaye NDIAYE, qui pleurait pour un oui ou un non au point d être extradé de la sphère publique et dissimulé dans les pénombres confortables d un ministère d Etat au Palais.
En l an 1 de la présidence de Macky SALL, déjà, le Sénégal voulait en toute naïveté contraindre l équipe gouvernementale au bilan en lieu et place d une célébration. La précocité de cette demande malhonnête, pré- formulée par les médias érigés en contre pouvoir, fit que l exercice en devint périlleux ; la mission suicidaire. Personne dans l entourage du Président ne voulut aller aux charbons laissant la voie et la voix libres à l opposition et aux franc-tireurs de la société civile. Mais le coup médiatique qui sonna comme un tonnerre en plein ciel de saison sèche fit sans conteste les larmes hors contextes de Idrissa SECK qui tirait un bilan qui se voulait sans complaisance de l an 1 de Macky.
L homme de l art utilisera la médiation par les pleurs pour signifier sa souffrance, sa sensibilité, sa vulnérabilité, son humanité, afin de suggérer dans les esprits un élan de solidarité, de soutien, de sympathie, voire d amour. Pleurer est un mode d expression enfantin qui vise le moi-enfant de l interlocuteur (cible) qui est sensé réagir de façon tout autant émotive et de satisfaire une demande implicite avec empressement. Mais ce stratagème est loin d être opératoire pour les hommes sous nos tropiques phallocratiques. La persuasion par les larmes, au Sénégal, est de l usage exclusif des femmes qui en usent à souhait pour faire pression et impression.
Idrissa aime user des mots et des images chocs dans ses exercices de communication. Mais cette fois-ci, son jeu se retournera contre lui et il n en mesurera le plein impact que plus tard. Il avait pleuré pour la RADIO mais ses larmes seront diffusées en boucle dans les chaînes de télévision. Un homme qui pleure fait preuve de faiblesse et suscite la défiance. Exprimer ses émotions et surtout ses peines et ses douleurs, c est nier sa masculinité qui commande de serrer les dents et d encaisser les coups sans gémir. Même quand le sang gicle sous la lame tranchante du « circonciseur », le plus petit garçon sait qu il ne doit même pas gémir au risque de déshonorer sa famille tout entière. Et pourtant Idrissa pleura &.. des larmes bien calculées car cet homme qui veut convaincre qu il est né pour devenir PRESIDENT est maître de ses émotions dont il se sert avec art pour plaire, émouvoir et convaincre. Ses chaudes larmes destinées aux auditeurs vont, malheureusement pour ses conseillers en communication, couler devant le peuple qui vit un visage laminé, barbouillé, traversé par un rictus et secoué par un hoquet à peine ravalé montrant un visage carnassier en contraste avec l image d ange et de victime qu il voulait offrir; C est la faute à la télé ! Le résultat est différent voire à l opposé des attentes. Lui et ses conseillers savent que voir et/ou imaginer ne produisent pas les mêmes effets.
Les vagues émanant de ces sanglots hors contextes déferlèrent jusqu au Palais Présidentiel réveillant l équipe des communicants qui y somnolait. Le château de sable de l attelage gouvernemental du Benno Bokk Yakaar en sorti tout mouillé mais debout. La solidarité fut de mise car tous s accordèrent que le linge sali en commun doit être lavé en famille loin des regards indiscrets des voisins. C est plutôt le roc de façade de Reewmi qui se fissura car aucun ministre du gouvernement issu du Parti dont Idrissa est le chef ne cautionna la sortie médiatique si arrosée. Le Président du Reewmi se vit obligé d ailleurs de sanctionner et de se séparer de ses lieutenants les plus rentables politiquement. Idrissa n a pas pu cette fois-ci encore faire passer Macky pour le traitre du Groupe. Il l avait tenté lors des Présidentielles de 2012 lorsque Macky quitta le maquis de la guérilla urbaine embourbée à Dakar pour aller sillonner le Sénégal des profondeurs. Derrière les larmes de Idrissa, le commun des Sénégalais a vu la rancSur de celui qui reproche à Macky SALL d avoir pris le coche que lui, Idrissa SECK et Djibo KA ont historiquement raté.
Puisque paradoxalement le bruit des autres empêche le peuple de voir, le Palais Présidentiel, en toute fausse pro-activité, commanda le Ministère de l information, de la communication, de l économie numérique et celui en charge de la Bonne Gouvernance l élaboration de TDR pour un Séminaire autour de la COMMUNICATION GOUVERNEMENTALE. Les réactions déroutantes de puérilité du peuple commandent une approche axée sur la pédagogie en toute transparence loin de toute idée de propagande. La visibilité au quotidien des initiatives posées dans le cadre de l action gouvernementale ne doit plus se laisser noyée par le tintamarre médiatique des opposants aigris ou des faux frères embusqués. C est le piège qu il fallait éviter de réaffirmer que le PEUPLE au nom duquel on gouverne est comme un petit enfant gâté à qui il faut chanter des berceuses et offrir régulièrement des sucettes afin de le soustraire de l influence négative du voisin &.
A l heure de la célébration, nous retiendrons avec amusement que l an 1 de Macky est surtout l année des larmes et des Communicants. Nous avons eu l air des administrateurs civils sous SENGHOR et Abdou DIOUF suivi du règne de Wade et ses avocats affairistes. La période Mackyiste risque d être celle des Gourous en communication. Ces experts de la manipulation des consciences qui voudraient nous faire croire que la solution pour le gouvernement qui patauge se trouve dans la communication. Pour eux, le peuple serait atteint d une cécité collective et ils viennent en ophtalmologues des esprits restaurer la vue et la réorienter sur l essentiel dont ils vont en définir et fixer les contours. Ils s arment de leurs sondages, de leurs enquêtes pour brandir des cotes de sympathie alarmistes et frustrantes avant de venir échines courbées proposer des recettes miracles pour redresser les courbesdepopularité. On se croirait en informatique où ceux qui inventent les VIRUS sont aussi ceux qui vous proposent un Anti- Virus. C est à peine s ils n affirment pas que le Président doit être un spécialiste de la communication ou alors que les sénégalais devraient élire un spécialiste de la communication Président de la république. Il ne suffit pas de dessiner et de pointer du doigt une belle voie pour que leYoonu yokkute emprunté soit vraiment celui du développement ou de la croissance. L image d un panier de ménagère bien rempli diffusé en boucle sur les chaînes de télévisions ne suffira pas à rassasier les sénégalais qui ont faim de pain, de paix et de vérité.