Des centrales thermiques solaires sont indispensables pour répondre aux demandes énergétiques de l Europe et pour réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre, selon une nouvelle étude menée par une commission scientifique européenne.
Le rapport publié par l 'European Academies Science Advisory Council' (Conseil consultatif européen des académies des sciences - EASAC) indique que les centrales thermiques solaires peuvent jouer un rôle important dans le passage du réseau électrique européen vers des sources d'énergie renouvelable d'ici à 2040.
De telles unités solaires "sont capables de fournir de l'énergie à tout moment, pour compenser les fluctuations dans l'approvisionnement en énergies renouvelables... et aider à stabiliser le réseau électrique", a déclaré à IPS, Robert Pitz-Paal, le directeur de l'étude publiée au début du mois, et co-directeur du 'German Institute for Solar Research' (Institut allemand pour la recherche en énergie solaire).
Ces vertus font que "la valeur de l'électricité produite dépasse juste les kilowattheures qu elles amènent dans le système", a précisé Pitz-Paal.
Les unités solaires utilisent des miroirs pour concentrer la lumière solaire et la convertir en énergie thermique. Ce processus atteint des températures allant de 400 à 1200 degrés Celsius, ce qui peut être utilisé pour produire de l'énergie de la même manière qu'une centrale à vapeur conventionnelle.
Cette technique est en utilisation depuis les années 1980, mais les experts disent qu'elle n'a atteint la maturité qu au cours de la dernière décennie. Les unités solaires sont utilisées à une grande échelle dans l'ouest des Etats-Unis et en Espagne.
Un grand projet visant à installer des unités solaires dans les régions du Moyen-Orient et d Afrique du nord (MENA), appelé 'Desertec Industrial Initiative' (DII), a été annoncé à l'été 2009. Les unités solaires dans ce projet répondraient aux demandes en énergie d'Afrique du nord, et fourniraient également de l'électricité à l'Union européenne (UE).
Le projet a été élaboré suite à des études menées par le Club de Rome, un groupe de développement indépendant, et le Centre aérospatial allemand (DLR), un institut de recherche d'Etat et une partie de l'EASAC.
Au début de ce mois, le DII a annoncé la construction d'une unité solaire de 500 mégawatts (MW) au Maroc l'année prochaine. Le DII a été mis en place par dix grandes entreprises européennes, y compris les sociétés d'électricité allemandes 'E.ON' et 'RWE', le géant de l'électronique 'Siemens', la compagnie d'assurance 'Munich Re' et 'Deutsche Bank'. Aujourd hui, plus de 50 entreprises ont adheré au DII.
Le directeur du DII, Paul van Son, affirme que la centrale solaire au Maroc serait un "projet de référence" pour montrer aux investisseurs et aux décideurs que le projet 'Desertec' peut fonctionner comme une importante source d'électricité renouvelable.
Van Son a déclaré que la centrale au Maroc, d un coût de 2 milliards d'euros (2,8 milliards de dollars), devrait être opérationnelle en 2015.
La première phase de construction de ce complexe marocain de 12 kilomètres carrés sera une installation de 150 MW, coûtant jusqu'à 600 millions d'euros. D'autres centrales en Tunisie et en Algérie suivraient, a-t-il indiqué.
L EASAC souligne que l'UE a défini d ambitieux objectifs énergétiques et de lutte contre les changements climatiques. Les objectifs de l'UE comprennent une réduction de 20 pour cent des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2020 (atteignant 30 pour cent si les conditions internationales sont bonnes) et l'augmentation de la part de l énergie renouvelable à 20 pour cent.
A long terme, l'UE s'est engagée de façon substantielle à décarboniser l'approvisionnement en énergie, avec un objectif de réduire d'ici à 2050 les émissions de gaz à effet de serre de la région de 80 à 95 pour cent par rapport aux niveaux de 1990.
Le rapport de l EASAC indique que les coûts actuels de production d'électricité à partir de panneaux solaires correspondent au coût de production d'électricité à partir des fermes éoliennes offshore. Mais cela signifie, a observé Pitz-Paal, que les sources d'énergie renouvelable sont deux à trois fois plus coûteuses que les centrales à combustibles fossiles.
Selon l'étude, l'introduction progressive de panneaux solaires, soutenue par des niveaux appropriés de recherche et de développement, fera baisser les coûts de production de l électricité de 50 à 60 pour cent au cours des 10 à 15 prochaines années.
"Etant donné les progrès actuellement réalisés en matière de technologie et la tendance haussière des prix des combustibles fossiles, nous croyons que l'électricité à partir de panneaux solaires deviendra compétitive avec des équivalents de combustibles fossiles entre 2020 et 2030", a déclaré Pitz-Paal.
Par ailleurs, la capacité des panneaux solaires à stocker l'électricité et à la fournir à la demande élimine le besoin d'avoir de combustibles fossiles ou des centrales nucléaires en réserve pour satisfaire la charge de base - la quantité d'énergie nécessaire pour répondre aux demandes minimales sur la base des estimations des besoins des consommateurs.
Les fermes éoliennes et solaires sont fortement tributaires des conditions météorologiques. Parce que les réseaux électriques ne sont pas présentement en mesure de stocker suffisamment d'électricité, les fluctuations dans l'énergie renouvelable rendent les centrales électriques conventionnelles en réserve indispensables pour répondre à la demande de la charge de base.
Ce handicap de sources d'énergie renouvelable disparaîtrait avec de nouveaux panneaux solaires et de nouveaux réseaux intelligents capables de stocker l'électricité et de la fournir à la demande, indique l'étude.