Le Cameroun a officiellement rejoint le Processus de Kimberley sur la certification des diamants bruts, ouvrant la voie pour la commercialisation internationale des diamants du gisement de Mobilong découvert il y a quatre ans.
Le processus de Kimberley (KP) est un système de certification internationale visant à éliminer du marché les « diamants du sang ».
A propos du processus de Kimberley
Le processus de Kimberley est un régime international de certification des diamants bruts, qui réunit gouvernements et industriels du diamant, dans l'objectif d'éviter de négocier sur le marché mondial, l'achat des diamants présentés par des mouvements rebelles dans le but de financer leurs activités militaires.
L'accord est le résultat de discussions ayant débuté en mai 2000 à Kimberley en Afrique du Sud. (...) Cette coopération internationale est motivée par le problème des diamants de conflits, des diamants produits dans des zones de guerre et utilisés par des seigneurs de la guerre pour se fournir en armes.
Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Processus de Kimberley de Wikipédia en français (auteurs)
Le Cameroun rejoint ainsi les 14 pays africains membres du KP : l Angola, le Botswana, la Centrafrique, la RD Congo, la Côte d'Ivoire, le Ghana, la Guinée, le Lesotho, la Namibie, la Sierra Leone, l Afrique du Sud, la Tanzanie, le Togo et le Zimbabwe.
Avantages
La commercialisation et l exploitation du diamant deviennent possibles. Cette intégration du Cameroun dans le processus de Kimberley donne le feu vert au pays pour exploiter et commercialiser ses diamants. « Nous pourrons désormais exploiter notre diamant, en s assurant que cela sera une source de revenu supplémentaire pour le trésor public. », relève Emmanuel Bondé, ministre camerounais des Mines, de l'industrie et du développement technologique.
La filière diamant au Cameroun devrait être sécurisée et réformée. « Avec ce processus, nous sortirons de la filière d exploitation et vente du diamant, tous les clandestins ; ce qui va sécuriser les personnes qui travaillent dans le secteur et enfin cela évitera que le Cameroun devienne un pôle de blanchiment d argent, à travers des investissements dans le Diamant » explique Emmanuel Bondé.
La certification par le processus de Kimberley assure au Cameroun que ses diamants se vendront au plan international et aux prix internationaux. En effet, les prix seront alignés sur les cours internationaux du diamant. « Un diamant dont le circuit n est pas certifié est vendu dans les circuits irréguliers au prix les plus bas possibles. Tous ceux qui se placent en dehors du processus bradent leurs diamants. ( &) Jusqu ici, nous avons vécu sous les ressources du pétrole, il faudrait pouvoir maintenant vivre avec l apport des autres ressources du sous-sol. Nous avons intérêt à vendre notre diamant au meilleur prix ».
Les analystes rapportent que cette admission du Cameroun au système Kimberley devrait également favoriser l'amélioration des infrastructures du pays, et améliorer le rang du Cameroun dans le classement Doing business ainsi que son indice de corruption dans le rapport de Transparency international.
Le Cameroun ne sera pas le seul à tirer profit de cette admission au processus de Kimberley. L entreprise coréenne C&K Mining détient, en collaboration avec le gouvernement camerounais, l'unique permis d exploitation sur 25 ans pour le site de Mobilong dont la construction à commencé en mars dernier.
Défis
« J ai le plaisir de vous annoncer que le Cameroun est maintenant officiellement membre du PK. Certains des contrôles internes de la République du Cameroun devant faire l objet d un suivi, nous encourageons tous les participants pertinents du PK à fournir à ce pays l assistance technique dont il pourrait avoir besoin », a fait savoir Gillian A. Milovanivic, la présidente du Processus de Kimberley dès le mois de juin 2012 lors d'une réunion du comité de participation.
Elle donne le ton : le processus fait l objet d un suivi et d un contrôle permanent.
La Cameroun devra être en mesure d enregistrer de manière systématique et exhaustive, toutes les transactions sur la vente du diamant. Autrement dit, il faudra que le pays mette en place une instance dédiée dont le rôle sera de d identifier les points d extraction et vérifier les données de production ainsi que la régularité des déclarations.
Un autre challenge pour le gouvernement camerounais sera de régulariser l exploitation artisanale de diamants et d éliminer la part de l informel dans ce secteur.
Enfin, le Cameroun devra veiller à sécuriser les financements du secrétariat national du Processus de Kimberley en lui donnant les moyens de jouer pleinement son rôle. « Nous ne serons pas une grosse administration, nous allons avoir des ressources humaines précises et nous n allons pas avoir tout une grosse machine administrative », a exposé le secrétaire permanent du processus de Kimberley au Cameroun, Mvogo Kisito.
« La notification du Cameroun comme pays participant au Processus de Kimberley s assimile à un véritable défi. Aussi, pour le relever, le ministre des mines, de l industrie et du développement technologique compte sur la mobilisation et l engagement de tous les partenaires du secteur minier de notre pays pour le respect scrupuleux des principes et recommandations du PK », admet Emmanuel Bondé, lors de la conférence de presse qu il a donnée hier à ce sujet.