Lors du troisième sommet économique et commercial du Cameroun à Lagos, Magloire Atangana, le ministre camerounais du Commerce, a exhorté les Nigérians à examiner de plus près son pays comme un lieu privilégié pour leurs investissements.

Le Groupe Dangote pris en exemple

Les investissements du groupe Dangote dans une nouvelle cimenterie au Cameroun ont été pris en exemple pour inciter les hommes d'affaires nigérians à investir dans le pays.

Magloire Atangana, le ministre camerounais du Commerce« Nous appelons les autres investisseurs nigérians à imiter le groupe Dangote en investissant dans les nombreuses opportunités qui abondent aujourd'hui au Cameroun », a exhorté Magloire Atangana.

Il a déclaré aux délégués que le commerce et l'investissement au Cameroun sont en attente d'être exploités, lançant un appel formel aux investisseurs voisins à stimuler le commerce bilatéral entre son pays et le Nigeria.

Goodie Ibru, président de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Lagos, a estimé que le sommet est un bon moyen d'améliorer les relations commerciales entre les deux pays.

Selon Goodie Ibru, qui était représenté par Alhaji Bello Aderemi, le sommet aidera à promouvoir les relations commerciales et d'investissement entre le Cameroun et le Nigeria dans les années à venir.

Un appel indispensable pour survivre à l ombre du géant Nigérian

Selon une enquête de BP Statistical Energy, le Cameroun a produit en moyenne 82.000 barils de pétrole brut par jour en 2007, soit 0,1% du total mondial. Le Cameroun, qui se trouve à la frontière Est du Nigeria, riche en pétrole, est le 6e producteur de pétrole en Afrique subsaharienne.

Magloire Atangana a indiqué que le Nigeria fournit actuellement environ 23% des produits camerounais précisant que les objectifs des organismes de réglementation des produits des deux pays sont d assurer l'échange de produits normalisés.

Pour Dieudonné Essomba, Ingénieur Principal de la Statistique - Cadre au MINEPAT, l évolution des échanges entre les deux pays reflétera les choix stratégiques qui auront été faits par l un et l autre.

L ingénieur explique dans une publication parue sur journalducameroun.com que « consciente de sa force, le Nigeria va certainement développer une industrie dont la vocation sera de ravitailler son marché intérieur mais aussi les petits marchés voisins dont ceux des pays de la CEMAC, les obligeant à orbiter autour de lui comme autant de satellites et réduisant à néant tous les efforts que cette institution aura déployés. Ceci est d autant plus facile qu il n aura pas à faire beaucoup d effort, laissant ses avantages naturels agir à sa place. »

Le Cameroun peut-il se passer du Nigeria ?

Cet appel du ministre camerounais aux investisseurs nigérians pour la promotion des échanges et du commerce bilatéraux entre les deux pays vise-t-il en réalité à éviter que le développement du Nigeria ne confine le Cameroun aux mêmes activités commerciales primaires que régissent ses échanges économiques avec les pays occidentaux ?

Pour Dieudonné Essomba, il n existe pas d autre alternative pour le Cameroun que de se battre en vue de maintenir cet équilibrage et sa marge de manSuvre.

Si le Nigeria se développe, il risque d aspirer le Cameroun et ses voisins de la CEMAC...

« La théorie économique gravitaire est formelle: le Nigeria partage avec le Cameroun la frontière la plus large et la plus peuplée. Nos populations sont dans un rapport de 1 à 8 et si les deux pays se développaient, le Nigeria représenterait à lui seul 75% de notre commerce extérieur, que nous le voulions ou pas », argumente-t-il.

Si le Nigeria se développe, il risque d aspirer le Cameroun et ses voisins de la CEMAC, avertit Dieudonné Essomba.

Rappelons que l'agriculture est le pilier de l'économie camerounaise et représente 50% du total des exportations. De plus, environ 70%de la population active du pays a des activités dans le secteur agricole. Les cultures vivrières et d exportation, l'élevage, la pêche et la sylviculture constituent l'épine dorsale de l'économie.

Le Cameroun est ainsi engagé dans une série d'initiatives visant à renforcer ses relations économiques et commerciales avec le Nigeria, mais a-t-il réellement le choix ?

Analyste sur Nextafrique.com.

JP Ntchoum est Responsable des systèmes d'informations dans le secteur pharmaceutique. Deux passions : les systèmes d'informations et les mécanismes de développement.