C'est toute une économie informelle qui se développe à la faveur du mois sacré du Ramadan. Dans pratiquement tous les quartiers populaires de Bamako, de nouveaux métiers propres à cette période apparaissent. Des ménages trouvent ainsi une occasion d'améliorer leurs revenus et par conséquent leurs conditions de vie.
A la tête de ces « entreprises » individuelles se trouvent généralement des femmes de tous les âges et de différentes situations. Dans certains cas, le mari est malade. Dans d'autres, il est à la retraite ou au chômage. Mais le mari peut aussi être en activité.
Des jeunes filles sans travail initient aussi une activité. On les rencontre un peu partout : sur les trottoirs, les places publiques, exposant leurs produits aux passants et, malheureusement, à la pollution. Le problème de l hygiène alimentaire se pose donc gravement.
« Je profite du mois de Ramadan pour me faire un peu d argent de poche », explique la veuve D. H. C., une habitante du quartier Médina-Coura. La trentaine révolue, la dame n a pas d emploi. Elle s est lancée dans commerce des vêtements et parures pour enfants. Elle est installée dans la rue en face de son domicile. D. H. C, mère de trois enfants, prépare ainsi la fête à venir.
Le reste de l année, elle est sans travail lucratif. Même les camps militaires ne sont pas épargnés par cette éclosion de commerces. A Djikoroni-Para, Mme Dembélé Fatoumata Goïta fait ainsi de bonnes affaires.
Tous les soirs, elle vend des beignets à base de petit mil. Installée à moins d un mètre d un caniveau, son point de vente à des allures de fourmilière puisqu il est littéralement pris d assaut par des enfants du camp et même d autres mioches venus des quartiers voisins.
Un peu partout, les femmes improvisent des points de vente. En ce mois de Ramadan, l étal de vente de fruits qui jouxte le ministère de la Communication ne désemplit pas. A. S qui habite Kalaban-Coura souligne combien les fruits sont consommés pendant le mois de carême pour la coupure du jeûne.
Cette vendeuse d oranges, de raisin, et de pommes ne se plaint pas de sa recette journalière, mais refuse de nous en dire plus. Sa voisine est S. C. venant de Sénou. Celle-ci vend des bananes. Elle regrette le renchérissement de ce produit chez les fournisseurs. Elle note ainsi que la quantité cédée auparavant à 7500 Fcfa est passée au cours de ce mois à 12 000 Fcfa.
En Commune I, en face du tribunal de première instance, B. D. propose à sa clientèle une variété d aliments : bouillie de mil, patte de bSuf à la sauce, « Djouka », etc & Le mois de Ramadan l a conduite à changer d horaires de travail. Elle s installe ainsi de 19 heures à 23 heures.
Ce mois particulier a un impact sur bien d autres petits métiers comme les vendeurs de café au lait. Ibrahima Maïga est de ceux-ci. Installé en face de la station Shell à la montée du pont des Martyrs, il reconnait que son activité a pris un vigoureux essor pendant cette période.
Un autre commerce qui prospère durant ce mois de carême est celui du matériel de cuisine. Les thermos, les plats thermos, les cuillères sont très sollicités. Et que dire des dattes qui se vendent à la volée !
Mais le Ramadan ne fait pas que des heureux dans les petits métiers. Ainsi, les stocks des vendeurs d eau glacée en sachets leur restent sur les bras. Cette activité s effondre logiquement. En attendant de se rattraper dans moins de deux semaines.