Un nouveau rapport de KPMG présente les 100 projets d'infrastructure de classe mondiale qui résolvent les problèmes de la société d'aujourd'hui tout en préparant les exigences de l'avenir. Nextafrique.com s’intéresse aux dix projets africains, listés dans le palmarès des 100 des plus innovants au monde, à divers stades de conceptualisation et de mise en œuvre.
Sélectionnés en fonction de leur valeur économique, de l’ambition qu’ils révèlent et de leur impact social, il s’agit de « projets dont on a désespérément besoin, qui sont opportuns et qui sont vraiment visionnaires », selon les mots d’introduction des éditeurs de cette nouvelle monture du rapport bisannuel du cabinet d’audit et de conseil. Douze chantiers ont été inclus dans cette nouvelle édition, contre seulement six dans celle de 2012. Nous en avons sélectionné les dix plus importants. Repartis plutôt équitablement entre les différentes grandes régions du continent, ils reflètent à la fois l’ambition des pays africains en matière d’infrastructures, mais également – et surtout – leurs besoins.
Six des chantiers mis en exergue par KPMG sont des projets d’infrastructures de transport et deux d’entre eux sont liés à l’énergie. La sélection du cabinet de conseil met également en valeur la montée des projets transnationaux et l’essor de la coopération régionale sur le continent : un tiers des chantiers sélectionnés impliquent au moins trois pays africains.
Si la plupart de ces projets n’en sont qu’à leur début, réunis dans cette édition, aux côtés de chantiers gigantesques tels que le chemin de fer transcontinental du Brésil, le métro de New Dehli ou le pipeline sino-russe, ils témoignent aussi de la nouvelle visibilité du marché du BTP africain.
1- Afrique de l’Est : la ligne de chemin de fer Mombasa-Kigali
Initiée par le Kenya, qui souhaite renforcer sa position de hub logistique en Afrique de l’Est, la construction d’une nouvelle ligne de fer reliant la ville côtière de Mombasa à la capitale Nairobi a été lancée fin novembre 2013. C’est le premier tronçon d’un ambitieux projet ferroviaire qui prévoit le prolongement de cette ligne jusqu’à Kampala, en Ouganda, puis Kigali, au Rwanda, et potentiellement jusqu’à Djouba au Soudan du Sud, soit un total de 2900 kilomètres.
Financé par la China Exim Bank et construit par China Road and Bridge Corporation (CRBC), le coût de ce chemin de fer est estimé à 10 milliards d’euros au total, dont près de 3 milliards pour la première tranche Mombasa-Nairobi. La construction de cette première branche du réseau devrait être achevée d’ici à 2017 selon les autorités kényanes. Celle de la ligne entière n’est pas attendue avant 2018.
Annoncé en mai 2014 par le fonds touristique marocain Wessal Capital, le projet « Wessal Bouregreg » porte sur l’aménagement la vallée du Bouregreg et la mise en valeur le patrimoine ainsi que la culture des villes de Rabat et de Salé.
Parmis les travaux, prévus pour s’achever en 2020, figurent la construction d’infrastructures culturelles (Grand Théâtre de Rabat, Musée de l’archéologie et des sciences de la terre, maisons de la culture), d’espaces ludiques, de loisirs et de commerce, la réalisation d’un programme résidentiel et d’un programme hôtelier. Une enveloppe d’un milliard de dollars a été prévue pour la réalisation de ce projet. Wessal Bouregreg s’inscrit dans la continuité des travaux d’aménagements réalisés au cours des dernières années dans cette région, notamment la construction d’un tramway et de tunnels routiers sous la vieille ville.
3- Algérie-Niger-Nigeria : le gazoduc trans-saharien
Long de 4 300 kilomètres, le gazoduc trans-saharien a pour objectif de transporter chaque année de 20 à 30 milliards de mètres cubes de gaz des sites de production africains à la Méditerranée et vers les marchés européens. Ce pipeline, au coût estimé à 20 milliards de dollars, doit relier le Nigeria à l’Algérie en passant par le Niger.
Évoqué dès les années 1970 le « Trans-Saharan Gas Pipeline » fait partie des projets phares du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad). En janvier 2014, le président nigérian Goodluck Jonathan a annoncé avoir mobilisé 700 millions de dollars de financement pour les premières phases de ce projet.
4 – Kenya : la modernisation de l’aéroport Jomo Kenyatta, Kenya
Le Kenya entend booster les capacités d’accueil de l’aéroport international Jomo Kenyatta de Nairobi. Bâti pour accueillir environ 2,5 millions de passagers par an, le principal aéroport du pays d’Afrique de l’Est en accueille plenviron 7 millions aujourd’hui. Un trafic qui devrait croître de 6% par an au cours des deux prochaines décennies.
JA Infras-KPMG 2014-jomo-kenyattaNairobi a donc lancé un important projet de modernisation qui inclut la mise à niveau des infrastructures existantes et la construction de nouvelles installations (terminaux, aire de stationnement, parkings, pistes d’atterrisage). Un projet qui vise à porter les capacités du hub de Nairobi à 10 millions de passagers par an à l’horizon 2017. Son coût est estimé à 650 millions de dollars.
En août 2014, un nouveau terminal moderne – partiellement achevé – a démarré ses opérations. Il devrait être pleinement opérationnel en 2015. Sa construction aura demandé un investissement de 105 millions de dollars.
5 – Nigeria : le réseau ferroviaire à grande vitesse
D’une longueur de 3200 kilomètres, ce reseau de chemin de fer à grande vitesse reliera Lagos, Kano, Kaduna, Warri, Bauchi, Abuja et Port Harcourt. Financé par la Banque d’import-export de Chine et construit par China Railway Construction Corporation (CRCC, ce réseau devrait compter 45 gares.
En novembre 2014, le gouvernement nigérian et China Railway Construction Corporation ont signé un contrat de 12 milliards de dollars pour la construction d’un tronçon de 1 402 kilomètres reliant la capitale économique nigériane, Lagos, à la ville de Calabar (est). C’est le plus gros contrat individuel signé par une entreprise chinoise pour un projet unique, a indiqué l’agence de presse Chine nouvelle.
6 – Afrique australe : le corridor routier Nord-Sud
D’une longueur total de 10 000 kilomètres, ce corridor est une initiative multipartite impliquant le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa), la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC).
Son objectif est de relier le Malawi au port sud-africain de Durban, le plus important de la région, et celui-ci ainsi que le port de Dar Es Salam à la ceinture de cuivre de la RD Congo et de la Zambie. Impliquant au total huit pays, son coût est estimé à 11 milliards de dollars.
À la fin du premier semestre 2014, les pays de la région ont lancé un appel à manifestation d’intérêt pour la réhabilitation de 700 kilomètres de voies routières à travers le Botswana, le Malawi ainsi que le Zimbabwe et qui mènent aux villes de Beitbridge (Zimbabwe) et Martins Drift (Botswana) frontalières de l’Afrique du Sud.
7 – Ouganda : Le nouveau pont de Jinja sur le Nil
Long de 525 mètres, le « New Jinja Bridge » enjambe le Nil blanc sans la ville de Jinja, le deuxième centre commercial de l’Ouganda, après la capitale Kampala. Situé dans le prolongement de l’autoroute Kampala-Jinja, dont la construction commencera en 2015, ce pont à haubans est le premier de ce type construit en Ouganda et l’une des rares infrastructures de cette catégorie en Afrique de l’Ouest.
Ce projet, au coût estimé à 130 millions de dollars, est financé par un prêt à taux concessionnel de 100 millions de dollars accordé par l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica) et par l’État ougandais. Sa réalisation a été confiée au japonais Zenitaka Corporation et au coréen Hyundai Engineering and Construction Company. Démarrée cette année, la construction de ce pont devrait être achevée en 2017.
8 – Namibie : le projet électrique du champ gazier de Kudu
Le projet électrique de Kudu, en Namibie, porte sur le production de 1 050 mégawatts d’électricité à partir du gisement gazier du même nom, situé au large des côtes namibiennes. Le projet, dont le coût est estimé à 1,3 milliard de dollars est prévu pour s’achever en 2018. En septembre dernier, la compagnie nationale électrique Namibia Power Corp. a annoncé avoir commencé les négociations avec l’opérateur chinois Shanghai Electric Group Co. pour la construction de l’usine de production.
La réussite de ce projet dépend toutefois du développement du champ gazier de Kudu. Or en novembre, le producteur d’hydrocarbures britannique Tullow Oil, qui détient 31 % de la concesison sur ce bloc a annoncé son intention de céder ses parts.
9 – Afrique du Sud : le Square Kilometre Array
Le Square Kilometre Array (« Réseau d’un kilomètre carré ») est un projet de radioastronomie rassemblant une dizaine d’instituts de recherche en astrophysique et astronomie à travers le monde.
Il prévoit l’installation en Australie et en Afrique du Sud d’un réseau de 3 000 antennes paraboliques censées dans capter les ondes radioélectriques émises par les astres. Le SKA, selon les promoteurs du projet, devrait être le plus grand radiotelescope du monde et être capable de « détecter des ondes radio émises par des objets situés à des millions, voire des milliards d’années lumières de la Terre ».
10 – Afrique du Sud : le programme de renouvellement du matériel roulant de Prasa
Fin 2013, le groupe Alstom a décroché une commande de 4,8 milliards d’euros auprès de l’opérateur public Passenger Rail Agency of South Africa (Prasa), portant sur la livraison entre 2015 et 2025, de 600 trains électriques, soit 3 600 voitures, pour un budget de 51 milliards de rands (environ 3,8 milliards d’euros), auxquels s’ajoutent 13 milliards de rands pour en assurer la maintenance pendant dix-huit ans.
C’est la première étape d’un plan de modernisation de 10 milliards d’euros lancé par Prasa pour remplacer d’ici à vingt ans ses trains de banlieue vieillissants – les plus récents datent de 1986.