Cette année encore, comme toutes les autres années, et cela depuis plus d'une décennie, l'organisation du hadj 2012 au Niger connait de sérieuses embuches, qui font penser aux plus septiques à une malédiction divine.
Au dernier moment, les 15 000 nigériens candidats au hadj de cette année, apprennent, impuissants, que des problèmes importants attendent encore d'être réglés, dont le problème récurrent de transport.
Cette inquiétude est d'autant plus fondée que les deux compagnies retenues par le gouvernement nigérien pour transporter cette année les pèlerins aux lieux saints de l'islam, Max-Air et NAS, deux compagnies étrangères, sont toutes dans une situation qui ne leur permet pas de tenir leurs engagements.
Selon des sources proches de l'organisation, seule Max-Air dispose d'un appareil, mais pas d'autorisation des autorités saoudiennes pour exercer des activités sur les terres saintes.
Quant à la deuxième compagnie, la NAS, c'est la situation contraire ; elle serait en possession d'une autorisation, mais hélas pas d'avion.
Conséquences, les premiers vols prévus ce samedi 15 septembre, pour la campagne 2012, n'ont pas eu lieu ; reportés, provisoirement au 1er octobre prochain. Frustration et amertume dans les rangs des futurs pèlerins; tout semble croire que le calvaire reprend encore pour les candidats au hadj cette année.
Apparemment, une fois encore, les autorités n'ont tiré aucune leçon de la mauvaise organisation du précédent hadj et de la mésaventure des pèlerins qui en a résulté.
Pourtant, dans une lettre adressée au président de la République Mahamadou Issoufou, dès les premières heures, le Syndicat national des Agences du Pèlerinage du Niger avait regretté la reconduction, cette année encore, de ces deux compagnies "qui avaient failli" lors du dernier pèlerinage, et jugé insuffisant le nombre de deux avionneurs pour transporter plus de 15.000 pèlerins au hadj cette année, dans le délai requis.
En effet, les Nigériens gardent encore en mémoire les dures épreuves de l'année dernière où les candidats au pèlerinage, après une longue attente à Niamey, avaient mis 52 jours, au lieu de 10, pour aller en Arabie Saoudite, accomplir les rîtes du hadj et revenir au pays.
Leurs bagages avaient mis environ deux mois, après le retour, à les rejoindre. Pire, des pèlerins du hadj 2011 continuent d'attendre encore leurs bagages.
Au-delà de la mauvaise organisation du hadj, ces dernières années au Niger, l'opinion nationale juge également le pris de transport, qui tourne autour d'un million de francs cfa, très élevé par rapport aux autres pays de la sous-région. Il est passé de 930.000 FCFA au dernier hadj à 1.030.000 FCFA cette année, soit une augmentation de 100.000 cfa. C'est selon la volonté des compagnies et agences de voyages.
Il faut retenir qu'au Niger plus d'une cinquantaine d'agences se disputent le marché de transports au hadj et à la Oumra, à la Mecque et à Médine (Arabie Saoudite), souvent sans aucun respect de la réglementation en la matière.
Comme le disait certaine presse, tout laisse croire que chaque régime, voire chaque gouvernement au Niger, a son ou ses avionneurs, ses agences de voyages et autres démarcheurs. Récompense politique oblige.
En effet, malgré la décision du ministère saoudien du hadj, dans un courrier en juillet 2012 adressé au gouvernement nigérien, de suspendre plusieurs agences nationales pour manquements, suivie d'un arrêté du ministère nigérien en charge de l'intérieur et de la sécurité publique, du 5 avril 2012 dernier, sanctionnant une vingtaine d'agences, elles continuent allègrement à exercer leurs activités et pire, fortement impliquées dans la campagne du hadj en cours, au nez et à la barbe des mêmes autorités. Complicité ou ignorance ? Mystère et boule de gomme.
Pour contourner ces sanctions, certaines agences ont tout simplement changé de personnalité juridique.
Aux dernières nouvelles, l'on apprend que le ministre d'Etat en charge de l'intérieur et de la sécurité publique, président du comité d'organisation du hadj 2012, M. Abdou Labo, serait parti en Arabie Saoudite pour tenter de trouver une solution au blocage.
Dans un pays comme le Niger, composé à plus de 90% de musulmans, il est un des devoirs régaliens de l'Etat de prendre les dispositions idoines pour permettre aux fidèles d'accomplir le cinquième pilier de l'islam qu'est le hadj.