George Ayittey, économiste ghanéen, auteur et président de la Fondation Free Africa à Washington DC soutient que l'Afrique devrait s'appuyer sur les traditions de marchés libres et de libre-échange plutôt que de maintenir l'exploitation des structures économiques.

Il distingue deux types de génération dans l'élite africaine : les Guépards et les Hippopotames.

George Ayittey, économiste ghanéen, auteur et président de la Fondation Free Africa à Washington DC, a écrit en 2006 un livre intitulé "Africa Unchained: The Blueprint to Africa's Future", où il a cherché à répondre à la question de savoir pourquoi l'Afrique est considérée comme pauvre en dépit de ses vastes ressources naturelles.

Selon lui, la réponse est évidente : la liberté économique lui a été refusée, d'abord par les puissances coloniales étrangères, et maintenant par les leaders autochtones aux pratiques oppressives similaires, opine-t-il. La guerre et les conflits ayant remplacés la paix, les infrastructures en Afrique se sont émiettées.

Cependant, dans une tentative audacieuse d arrêter de se lamenter sur la myriade de difficultés que connaît le continent, le célèbre économiste, propose un programme de développement : une voie à suivre pour l'Afrique.

Le livre Africa Unchained explore la question de savoir comment l'Afrique peut se moderniser, se construire et améliorer ses institutions autochtones. Il soutient avec force que l'Afrique devrait s'appuyer sur les traditions de marchés libres et de libre-échange plutôt que de maintenir l'exploitation des structures économiques. Ce plan a été qualifié de controversé, et a, depuis la publication du livre il y a cinq ans, froissé nombre de protagonistes à la fois sur le continent africain et à l'étranger.

Le professeur Ayittey distingue dans son livre deux types de générations pour classifier les élites africaines : les Guépards (Cheetah) et les Hippopotames (Hippo).

1. La génération des Hippopotames (« Hippo generation »)

Les Hippopotames héritent de l époque et des mentalités dépassées des années 1960 : indigestes, grassouillets, et attachés à l'ancien paradigme du « colonialisme-impérialisme » avec une foi inébranlable en la puissance de l'Etat.

Ils sont assis fermement dans leurs bureaux climatisés du gouvernement, à l'aise dans leur conviction que l'État peut résoudre tous les problèmes de l'Afrique. Tout ce dont l Etat a besoin est plus de puissance et plus d'aide étrangère. Intellectuellement stigmatisés, ils sont coincés dans leur patch pédagogique de colonialiste boueux.

Et ils défendraient farouchement leur territoire car c'est ce qui leur donne leur richesse. Ils se soucient moins de savoir si le pays tout entier s'effondre autour d'eux, mais sont contents aussi longtemps que leur étang est sécurisé.

2. La génération des Guépards (« Cheetah generation »)

Les Guépards sont la génération nouvelle et en colère de diplômés et professionnels africains, qui regardent les questions africaines et les problèmes dans une perspective totalement différente. Ils sont dynamiques, intellectuellement agiles et pragmatiques.

On pourrait les appeler la « génération sans repos » & un nouvel espoir pour l'Afrique. Les Guépards ne sont pas si intellectuellement stigmatisés. Là où les Hippopotames voient en permanence des problèmes, les Guépards aperçoivent des opportunités d affaire. Ils n'attendent rien des gouvernements ou des donateurs étrangers.

La génération des Guépards n'a aucun scrupule à se salir les mains. Elle reconnait que résoudre les problèmes des pauvres peut lui faire gagner de l'argent, et pour cette génération, il n'y a rien d'immoral à ce sujet. Après tout, c'est comme cela que les riches des pays occidentaux se sont fait des sous. En créant un produit ou un service, qui répond aux besoins ou aux problèmes du peuple, Bill Gates, par exemple, se fait des milliards avec le logiciel informatique Microsoft. Il n'est pas devenu riche en étant président des Etats-Unis, comme c'est le cas dans de nombreux pays africains.

La génération des Guépards est un nouveau réseau social / d'affaires de diplômés et professionnels africains en colère. Pour les Guépards, les solutions à la myriade de problèmes de l'Afrique se trouvent déjà en Afrique même. Les talents, les compétences et l'entrepreneuriat sont tous là et peuvent être trouvés, non seulement dans l'économie informelle, mais aussi dans le secteur traditionnel.

Les femmes au marché, les commerçants, les orfèvres, les forgerons, les vendeurs de nourriture, les tisserands, les bergers, les sculpteurs, et les pêcheurs, pour ne citer que quelques-uns, témoignent tous de la tradition antique de l'entrepreneuriat et de l'activité commerciale dynamique en Afrique.

Tombouctou, par exemple, était connue dans les annales historiques comme la ville du grand marché, comme l'étaient Kano, Salaga, Mombasa et Sofala. Ce réseau social / d affaires innovant favorise la conviction que c'est par l'entreprenariat, les marchés libres, et le leadership que l'Afrique peut retrouver son illustre prospérité précoloniale.

La génération des Guépards offre une occasion unique pour les Africains et amis de l'Afrique de s'appuyer sur la tradition propre de l'Afrique en favorisant l'entrepreneuriat comme solution la plus viable pour faire de l'Afrique une terre de liberté, d'opportunité et de prospérité.

A travers la brume des fléaux que sont les conflits, la mauvaise gouvernance et la pauvreté, la génération jeune et dynamique de l'Afrique perçoit des opportunités. Aussi, la mission est de partager des idées sur le développement économique de l'Afrique et de réseauter avec les investisseurs et les entrepreneurs africains pour le rétablissement de la liberté économique du continent.

Et vous, êtes vous plutôt Guépard ou Hippopotame ?

 

Analyste sur Nextafrique.com.

Titulaire d'un master de communication, Marc-Olivier travaille à Paris comme chargé des relations extérieures au sein d'une société audiovisuelle. Il est passionné d'actualités et aime particulièrement connaître les vraies histoires derrière les annonces furtives.