Création de richesse : Le potentiel de la culture du « thé de savane » en Côte d’Ivoire

Une étude réalisée par des chercheurs ivoiriens soutient que "la domestication de Lippia multiflora" ou "thé de savane", une plante de la pharmacopée ivoirienne, peut améliorer la santé de la population, mais surtout réduire la pauvreté et créer des richesses, notamment en région de savanes", afin de "freiner l'exode rural."

Les résultats des travaux ont été présentés le 10 mars à Abidjan par les auteurs de l'étude, Albert Yao Kouamé de l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan-Cocody et Allou Kouassi, du Centre national de recherche agronomique (Cnra).

Selon une "étude prospective du secteur forestier en Côte d’Ivoire à l’horizon 2020" réalisée par la Fao, il y a un fort déplacement des populations des zones centre, nord et nord-est vers le sud forestier pour la culture du café et du cacao principalement, "ce qui crée un déséquilibre avec 78 % de la population totale contre 22 % pour les zones de savanes".

Cette étude revêt une particulière dans un contexte marqué par des crises socio-foncières meurtrières en Côte d’Ivoire, au cours des dernières années.

Selon Albert Yao Kouamé, "la domestication de Lippia multiflora peut être une solution efficace à la pression sur les zones forestières du pays et réduire du coup les conflits fonciers sanglant qui déchirent très souvent cette région du pays."

Le chercheur a expliqué à SciDev.Net que le "thé de savane" contient des vertus biomédicales. "Il peut être utilisé dans la prise en charge de la toux, du rhume, les troubles gastriques, la fièvre jaune, l'ictère, les plaies buccales".

Il indique qu’avec une fertilisation azotée des sols, il est possible d’avoir une production annuelle de "thé de savane" de huit tonnes à l’hectare.

"Pour le moment, les feuilles de Lippia multifora demeurent des feuilles de cueillette", a poursuivi Albert Yao Kouamé, avant de souligner que ces feuilles sont largement vendues sur le marché ivoirien et sont aussi exportées à l'étranger.

Allou Kouassi, du Centre national de recherche agronomique, insiste pour sa part sur le fait que "la zone savanicole est très propice à cette culture, qui peut valablement donner des ressources financières aux producteurs de cette feuille."

Selon le ministère ivoirien du Plan, la zone de savane de la Côte d'Ivoire s'étend sur six régions administratives, 19 départements et 98 sous-préfectures.

Elle couvre une superficie totale de 172 000 km2, soit 54% de la superficie totale du pays.

La population de cette région est estimée à 4.000.000 d’âmes, soit 30% de la population totale de la Côte d'Ivoire.

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