L’Afrique est un continent riche. Certaines de ces richesses notamment le pétrole, le gaz et les minerais, ont entrainé une croissance économique rapide au cours cette dernière décennie. La mesure ultime du progrès, cependant, c’est le bien-être des populations— et la croissance récente en Afrique qui n’a pas encore contribué comme il se doit à la réduction de la pauvreté et de la faim. Elle n’a pas non plus amélioré l’éducation et la santé.
Pour une croissance durable qui améliore la vie de ses habitants, le continent Africain a besoin d’une transformation économique qui se base sur ses autres richesses: ses terres fertiles, ses pêches abondantes et ses forets ; et aussi l’énergie et la créativité de son peuple. Le Rapport sur les progrès en Afrique décrit ce à quoi cette transformation pourrait ressembler et comment l’Afrique peut y parvenir.
L’agriculture doit être au cœur de cette transformation. La plupart des Africains, parmi lesquels la grande majorité des pauvres, vivent et travaillent encore dans les zones rurales, particulièrement les petits producteurs. Sans un secteur agricole florissant, la majorité des Africains sera laissée en marge du circuit de la prospérité.
Pour parvenir à une telle transformation, l’Afrique devra surmonter trois obstacles importants : le manque d’accès aux services financiers formels, la faiblesse des infrastructures du continent et le manque de fonds pour l’investissement public. Le Rapport sur les progrès en Afrique décrit comment les gouvernements Africains et leurs partenaires internationaux peuvent coopérer afin d’éliminer ces obstacles – et de permettre à tous les Africains de bénéficier de la richesse extraordinaire de leur continent.
S’appuyer sur une décennie de croissance
La rapide croissance économique en Afrique sub-saharienne cette dernière décennie mérite d’être célébrée. Elle a été d’au moins 5 pour cent en moyenne, entrainée par la demande intérieure, les investissements étrangers, les forts prix des matières premières et l’amélioration de la gouvernance économique. La mesure ultime du progrès, cependant, c’est le bien-être des populations— et à ce propos, la croissance actuelle en Afrique n’a pas encore contribué comme il se doit à la réduction de la pauvreté, de la faim et de la mortalité infantile. Elle n’a pas non plus amélioré l’éducation.
La pauvreté est plus enracinée en Afrique que partout ailleurs dans le monde: il y faut plus de croissance pour sortir le pauvre moyen du seuil de pauvreté. Des niveaux d’inégalités élevés à la base affaiblissent l’effet de la croissance quant à la réduction de la pauvreté. Aussi, une bonne partie de la croissance en Afrique s’est concentrée dans des secteurs comme les mines et le pétrole qui ont un faible impact sur les zones rurales où vivent la majorité des pauvres en Afrique.
Une croissance inclusive du secteur agricole est la clé pour changer une telle situation. Cela va de pair avec une diversification économique, une vulgarisation de la manufacture et des nouvelles technologies, et le développement d’une main d’œuvre qualifiée. Des programmes de bien-être social bien structurés peuvent protéger les ménages vulnérables, soutenir l’éducation et la santé, et contribuer directement à la croissance.
Les révolutions verte et bleue de l’Afrique
Si l’Afrique veut atteindre la croissance économique transformatrice dont elle a besoin pour réduire la pauvreté, il n’y a aucune autre alternative que le développement d’un secteur agricole riche et dynamique.
Les petits producteurs ont un rôle vital à jouer de pair avec les exploitations agricoles de moyenne et grande envergure. Le marché des exportations ainsi que les marchés intérieurs peuvent soutenir la prospérité agricole. Le défi politique est de créer des liens dynamiques entre l’économie agricole, l’économie rurale et non agricole et les marchés des centres urbains.
Cette partie du rapport envisage les conditions clés du succès : booster le commerce régional, connecter les agriculteurs aux marchés, accroitre la dépense publique, éviter l’accaparement des terres et aider les agriculteurs à gérer le risque.
Le marché de l’alimentation en Afrique, riche de 35 milliards de dollars américains, pourrait être servi par les Africains eux-mêmes, s’ils avaient accès aux infrastructures et au financement nécessaires —et aussi aux marchés en question. Les gouvernements ont besoin de coopérer afin de réduire les barrières commerciales créées par les cartels des transports, les mauvaises conditions de stockage et les mesures non-tarifaires. Ils ont également besoin de développer des institutions qui facilitent la participation des agriculteurs dans les marchés à haut rendement comme le marché des exportations.
Il également important que les gouvernements tiennent leurs promesses d’augmenter la dépense publique pour l’agriculture afin de combler les importants besoins en infrastructure et recherches agricoles. Les agriculteurs qui travaillent dans des environnements à haut risque —et qui de plus en plus font face aux risques climatiques —ont besoin d’accéder à des mesures de réduction de risque comme les assurances. Pêche et exploitation forestière – le cout de la mauvaise gestion
Les ressources halieutiques et forestières renouvelables de l’Afrique sont une potentielle source de richesse et d’opportunités. Gérées avec sagesse, elles pourraient soutenir les conditions de vie, promouvoir la sécurité alimentaire, générer des revenus et supporter les écosystèmes vitaux. Mais contrairement à cela, les ressources halieutiques et forestières de l’Afrique consolident le pouvoir et les fortunes personnelles des élites dirigeantes, et enrichissent les marchands étrangers.
Comme pour le pétrole et les minéraux, l’Afrique se trouve intégrée dans un système global d’activités commerciales aux pratiques illégales et immorales. Les gouvernements ont échoué à développer des institutions crédibles et transparentes à même d’assurer la publication des termes des accords miniers et des exploitations forestières et de garantir une répartition équitable des richesses provenant des ressources. Ce faisant ils ont ouvert la porte à la corruption, aux contrats opaques et à d’importantes pertes de revenus.
Dans le même temps la coopération internationale pour mettre fin au pillage des ressources est apparue faible : les Etats ont échoué à coordonner la mise en place de dispositions légales qui limiteraient l’étendue des opportunités exposées aux pratiques illégales. Aussi, les autorités en Afrique manquent souvent de moyens technologiques, financiers et de beaucoup d’autres compétences requises pour gérer les forêts, pêcheries et autres ressources, et empêcher l’évasion fiscale.
Bâtir les ponts dont l’Afrique a besoin : infrastructure et finance
Si l’Afrique doit passer d’une forte croissance à la croissance transformatrice décrite dans ce rapport, alors elle devra surmonter trois obstacles.
Le premier est le manque d’accès aux services financiers formels. Deux tiers des Africains adultes ne possèdent pas de compte en banque, à plus forte raison des économies, prêts ou assurances. Le deuxième obstacle est celui de la faiblesse des infrastructures du continent : ses routes et ponts en mauvais état, son manque d’eau, d’électricité et d’assainissement. Le troisième obstacle est celui du manque de fonds public pour l’investissement. Afin de combler les déficits importants de la région en matière d’infrastructure, les gouvernements doivent mobiliser les revenus fiscaux et le financement extérieur nécessaires pour soutenir l’investissement public.
Surmonter ces trois déficits est une condition non seulement de prospérité croissante mais aussi d’une prospérité partagée. L’agriculture est essentielle au type de croissance dont l’Afrique a besoin, cependant aucun autre secteur ne souffre autant de l’exclusion financière, de la faiblesse des infrastructures et du manque d’investissement public.
Cette partie du rapport démontre que bien que le financement extérieur ainsi que les investissements directs étrangers et euro-obligations puissent jouer un rôle supplémentaire important, aucun pays ne peut se permettre de négliger les revenus domestiques et le contrat social entre gouvernements et citoyens.
Pendant que les transferts de fonds jouent un rôle de plus en plus important comme source de financement, beaucoup d’avantages sont perdus à cause des coûts de transferts élevés.
Recommandations de politiques publiques
Bien que chaque pays de l’Afrique sub-saharienne fasse face à différents défis et opportunités, le rapport 2014 sur les progrès en Afrique identifie des principes généraux qui pourraient guider la formulation de politiques concrètes.
Les gouvernements Africains doivent prendre des mesures pour partager plus équitablement les bénéfices de la croissance économique et fixer des objectifs de réduction des inégalités. Ils devraient aussi prendre des mesures afin d’accélérer les révolutions verte et bleue, uniques à l’Afrique, profitant ainsi de la force motrice de l’agriculture et de la pêche pour soutenir la transformation économique dont le continent a besoin.
Les gouvernements doivent prendre toute mesure possible afin de mettre fin au pillage des ressources et se rassurer que les ressources sont exploitées en faveur d’un développement durable de l’Afrique. Les gouvernements doivent investir dans les infrastructures et développer des systèmes financiers plus inclusifs et aussi développer des politiques et instruments de financements qui mobilisent l’entièreté des ressources domestiques et extérieures pour soutenir une croissance transformatrice et inclusive.
Ce rapport offre des recommandations à la communauté internationale et au système multilatéral en décrivant comment ils peuvent soutenir les efforts de l’Afrique dans la réduction de la pauvreté, encourager une gestion durable des ressources, et mobiliser les ressources nécessaires au financement des infrastructures jusqu’au niveau requis.
Le secteur privé a un rôle essentiel à jouer. Les entreprises privées ont tout à gagner en se comportant en champions de la transparence, en soutenant le développement des infrastructures et en aidant les gouvernements Africains à créer les conditions d’une croissance inclusive