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Après avoir établi des partenariats à distance avec des établissements africains, les écoles de commerce d'Europe, d'Asie et d'Amérique sont en train d'établir des programmes plus directs sur le continent.
Après plus d'une décennie de travail dans le développement de produits pour Oceanic Bank au Nigeria, Henry Obike a voulu élargir ses compétences en affaires et obtenir un MBA dans l'espoir de lancer un jour sa propre entreprise. Avec peu d options locales de formations de qualité, Obike, 37 ans, a décidé de poser sa candidature à la Harvard Business School à Cambridge, soit à plus de 8000 kilomètres de son travail, de sa femme, et de ses quatre enfants. Ensuite, il a entendu parler d un nouveau programme de MBA exécutif mis en place à Accra, au Ghana, par la China Europe International Business School, connue sous le nom CEIBS, l'une des meilleures écoles de commerce internationales dont le principal campus se trouve dans le district de Pudong à Shanghai.
Obike n a pas hésité. Il a très vite rejoint la première promotion du programme de CEIBS Ghana au printemps 2009. Tous les deux mois, lui et neuf dirigeants nigérians vont au Ghana pendant huit jours pour suivre des cours enseignés par des professeurs de CEIBS dans un bâtiment sur Independence Avenue, en plein milieu du quartier d'affaires d'Accra. Selon Obike : « C'est le Harvard de l'Afrique. Les autres Nigérians et moi essayons vraiment profiter de cette occasion, parce qu'il n'y a aucune autre école de ce type, ici. »
Au cours des dernières décennies, les écoles de commerce occidentales se sont de plus en plus tournées vers l'Afrique, avec des dizaines de grandes écoles instaurant des programmes d'échange pour enseignants, des visites sur les sites d'Afrique subsaharienne, et forgeant des partenariats avec les écoles locales. Maintenant, une poignée des écoles d'Europe, d'Asie et d Amérique entament une nouvelle étape dans leur implication sur la scène de la formation académique en Afrique : la mise en place de leur propre campus, en aidant les économies émergentes du continent à développer des MBAs Exécutifs et bien d autres programmes universitaires. On note également la mise en place de centres spécifiques de recherche universitaires. « Ces efforts font surface à un moment où la scène de la formation en management en Afrique a commencé à s animer, stimulée par une classe moyenne croissante qui réclame une plus grande expérience de style école de commerce occidentale », explique Guy Pfefferman, PDG du Réseau Global Business School, un organisme à but non lucratif formé par la International Finance Corp en vue d améliorer la qualité des formations en business dans les marchés émergents.
"Une énorme demande de qualité non satisfaite"
« Bien que l'Afrique soit le continent le plus pauvre du monde, il connaît une forte croissance économique, contribuant ainsi à maintenir la pression pour avoir de meilleures écoles de commerce. », dit Pfefferman. L'année dernière, en plein milieu de la récession économique mondiale, l'économie de l'Afrique subsaharienne avait augmenté de 2,2 pour cent et devrait, selon les prévisions, croître de 5 pour cent ou plus par an en 2010 et en 2011, selon le Fonds monétaire international.
«Les formations en business sont celles qui connaissent la plus forte croissance parmi les activités académiques en Afrique sub-saharienne. Elles sont immensément populaires et beaucoup de personnes en ont besoin. Mais le problème est qu à quelques exceptions près, la plupart de ces écoles ne pas très bonnes », dit Pfefferman dans une interview. « Il y a une énorme demande de qualité non satisfaite, alors je soupçonne que plus d écoles de commerce occidentales pourraient y entrer, car il y a un marché réel. »
Actuellement, il n'y a en Afrique sub-saharienne aucune école de commerce accréditée par l AACSB, l association pour l'avancement des écoles de commerce. « Il s agit de l'un des plus gros organismes d'accréditation. », dit Jerry Trapnell, vice-président et directeur de l'accréditation chez AACSB. Certaines écoles de commerce en Afrique du Sud et dans une poignée d'autres pays, y compris le Nigeria, travaillent avec l'AACSB en vue d obtenir une accréditation. « La plupart d'entre elles ont un long chemin à parcourir. », dit-il.