Comment les marchés boursiers africains peuvent-ils devenir une partie intégrante de la transformation économique du continent ? Avec une capitalisation boursière globale estimée à 1,2 milliard de dollars US, l ensemble des marchés financiers du continent aurait constitué la 12ème place financière du monde s ils étaient regroupés en une seule.
Pour passer des promesses aux réalisations, Sunil Benimadhu, président de l Association des Bourses Africaines (ASEA) a dévoilé un plan d action en 4 « S » pour les marchés boursiers du continent lors de la 17e conférence des Bourses Africaines qui s est tenue à Abidjan, le mois dernier.
Le plan répond à la question de savoir comment les Bourses africaines peuvent-elles devenir une partie intégrante de la transformation économique du continent. Comment peuvent-elles « devenir de puissants activateurs et de puissants moteurs de changement » ? Comment peuvent-elles « permettre à la classe moyenne, de démocratiser l'économie et aider à surmonter la pauvreté », et comment les marchés de capitaux pourraient « fournir efficacement le plus que nécessaire capital pour le financement des entreprises, mais également le financement des programmes sociaux des gouvernements en Afrique ? »
S comme « Synergie »
Les bourses africaines ont fondamentalement besoin de créer des synergies fortes avec les autres groupes du secteur des services financiers, comme le secteur bancaire, le secteur des assurances, de la gestion d'actifs, des fonds de pension, et de travailler à l'émergence d'une approche intégrée pour le développement du secteur des services financiers en Afrique. Les Bourses du continent ont, depuis trop longtemps, été considérées comme de simples appendices aux services financiers traditionnels, alors qu'en fait elles auraient dû occuper une position centrale dans le spectre des services financiers. Ceci est d ailleurs « clairement mis en évidence par les centres financiers à succès dans le monde ».
S comme Soutien
Les gouvernements et les décideurs politiques en Afrique ont besoin « de comprendre le rôle fondamental de la transformation des marchés de capitaux dans le tissu socio-économique des pays africains ». Les gouvernements doivent pleinement soutenir le développement des marchés de capitaux dynamiques et ils doivent adopter des politiques qui favorisent le développement de marchés efficaces et concurrentiels.
A titre d exemple, Singapour, cité par Benimadhu, connaît un succès occasionné par une « approche interventionniste directe du gouvernement de Singapour qui a fait une déclaration claire sur son ambition de transformer Singapour en un centre financier international et qui a adopté des politiques qui étaient tout à fait favorables à la vision décrite ».
Sunil BENIMADHU, Président de l'ASEA
L'objectif à court et à moyen terme implique une révision fondamentale du modèle d'affaires des bourses et la diversification des sources de revenus via un changement stratégique des priorités actuelles.
En effet, les marchés de capitaux de Singapour ont énormément contribué à la transformation de l'économie du pays en star mondiale. Il a ajouté que les entreprises les plus prospères d'Afrique devraient soutenir les Bourses africaines en s introduisant en Bourse et en contribuant à la croissance du marché.
S comme Sphère
Les Bourses de valeurs africaines devraient « faire progresser la chaîne de valeur et étendre la sphère d'application des produits et services qu elles offrent ». Le défi à court terme demeure la flottation et la cotation de nouvelles entreprises, utiles et liquides. A ceci, Benimadhu ajoute que « l'objectif à court et à moyen terme implique une révision fondamentale du modèle d'affaires des bourses et la diversification des sources de revenus via un changement stratégique des priorités actuelles ». De nouveaux produits, dont des obligations, des fonds négociés en Bourse, des produits structurés et éventuellement des instruments dérivés doivent être mis en place.
S comme Substance
« La substance porte sur la capacité des Bourses africaines à démontrer qu elles ont créé de la valeur pour les différentes parties prenantes qu elles desservent, à savoir les émetteurs, les investisseurs et la société dans son ensemble », explique-t-il. Les Bourses doivent exhiber comment elles ont permis aux émetteurs de lever des capitaux pour financer leur croissance et de créer de la valeur pour leurs actionnaires. Cela contribuera à amener de nouveaux émetteurs sur le marché. « Les contributions substantielles des Bourses africaines sur ces deux points sont très convaincantes et je pense que ces forces doivent être agressivement commercialisées sur le marché par les bourses africaines pour attirer de nouveaux émetteurs et élargir notre offre de produits », confie Benimadhu.
Il est également important pour les bourses africaines d améliorer leur image et leur marketing auprès des investisseurs. En effet, « les Bourses africaines doivent démontrer qu'elles fonctionnent de manière rentable et transparente, que les informations sur les valeurs cotées sont disponibles facilement et en temps voulu, et qu elles offrent des produits qui peuvent potentiellement générer des rendements attrayants pour les investisseurs ».
Les Bourses doivent démontrer qu'elles peuvent contribuer à la démocratisation de l'économie, à créer de la richesse pour les citoyens d'une nation, à contribuer au processus de création d'emplois, à améliorer la gouvernance d'entreprise et, enfin, à contribuer au bien-être général d une société aussi bien en termes quantitatif que qualitatif.