Afrique : Vers un boom des introductions en Bourse en 2016 ?

Malgré la baisse des prix des matières premières et la fuite des capitaux des marchés émergents vers d’autres économies, les marchés boursiers d'Afrique devraient connaître une solide année 2016 après une année 2015 tout juste satisfaisante, selon le cabinet Baker & McKenzie.

Quinze introductions en Bourse sont déjà prévues, dont celle d’Interswitch du Nigeria, qui traite les paiements pour les banques et opère dans cinq pays africains. Son introduction en Bourse pourrait être la première d’Afrique à hauteur d’un milliard de dollars et la première entreprise publique de Fintech d'Afrique si elle procède à une double-introduction à la Bourse de Londres et à celle de Lagos, plutôt que d’opter pour une vente commerciale.

Si les 15 introductions dans le pipeline se concrétisent, elles seront susceptibles de lever 1,5 milliard de dollars de plus que les 21 introductions en Bourse qu’a connu l’Afrique l'an dernier; presque deux fois plus que le total amassé en 2015 et plus que 2011-2013 combinés.

En réalité, le volume des opérations du marché primaire pourrait être bien plus élevé, si l’on considère les offres qui ne sont actuellement pas incluses dans le pipeline formel, notamment :

  • Le projet de la Bourse de Dar es Salaam en Tanzanie de s’auto-lister cette année,
  • La plus grande introduction en Bourse du Botswana à ce jour, celle du Botswana Telecommunications Corporations Limited,
  • Les plans de double cotation du fonds immobilier Tadvest à l'Ile Maurice et en Namibie,
  • L’annonce d’émission de 4 millions de dollars de droits du détaillant mauricien Compagnie des Magasins Populaires,
  • Les 70 millions de dollars de levée de capitaux d’Atlantic Leaf Properties, cotée à Maurice, via un placement privé.

« La conjoncture économique est difficile pour les économies africaines qui dépendent des matières premières pour une grande partie de leur revenu, tandis que ce qu'on appelle ‘argent chaud’ s’échappent des fonds spécialisés dans les marchés émergents qui investissent en Afrique », explique Koen Vanhaerents, responsable mondial de Baker & McKenzie Capital Markets. « Il est donc positif de voir des progrès constants dans les marchés boursiers d'Afrique, avec un solide pipeline si tôt en 2016 et potentiellement davantage d’offres plus grosses que celles que nous avons vu depuis un certain temps. »

Points chauds

L’Egypte semble prête à devenir un atout clé vu ses transactions retardées reprennent du service, en particulier dans le commerce de détail, les services financiers et les secteurs alimentaires.

L’agenda du Nigeria semble raisonnable pour la fin de l'année dans les secteurs des technologies, des télécoms et du transport.

Après 9 introductions en bourse l'année dernière, L'Afrique du Sud va inévitablement faire mieux que les deux transactions prévues.

Maurice continue d'agir comme un centre financier offshore pour l'Afrique, avec des offres en souscriptions comme les émissions de droits et les placements privés en plus des introductions en Bourse.

Londres reste le centre financier mondial clé pour l'Afrique.

L’Association East-African Securities Afrique Exchange veut accélérer l'intégration de ses marchés, ce qui pourrait déverrouiller la demande parmi les émetteurs tout en augmentant la liquidité ; le Rwanda à lui seul prévoit 3 introductions en Bourse cette année.

Les grandes entreprises doivent avoir recours à des cotations double à la fois dans un centre financier mondial comme Londres, mais aussi dans leur marché intérieur afin d'éviter la volatilité entraînée par le fait que les investisseurs internationaux ombrageux constituent la majorité de l'activité du marché.

Edward Bibko, chef du cabinet EMEA Capital Markets Practice

Pour Edward Bibko, chef du cabinet EMEA Capital Markets Practice, « il y a une énorme demande refoulée parmi les émetteurs pour effectuer des levées de capitaux, notamment en Egypte, qui est en forte croissance et avec l'émergence d'une classe moyenne plus grande. Le continent doit encore relever des défis et il y a peu d'investissement institutionnel local ou de demande dans le commerce de détail autre que dans les plus grandes économies. »

« Cela signifie que les grandes entreprises doivent avoir recours à des cotations double à la fois dans un centre financier mondial comme Londres, mais aussi dans leur marché intérieur afin d'éviter la volatilité entraînée par le fait que les investisseurs internationaux ombrageux constituent la majorité de l'activité du marché ».

Secteurs

opi 2016 projections secteurs

Energie, Immobilier, Services financiers et Soins de santé ont été les secteurs les plus actifs au cours des cinq dernières années, mais de plus en plus d’entreprises de consommation de base et maintenant de technologie les rejoignent en tant que secteurs les plus actifs à mesure que les marchés financiers africains commencent à s’élargir et à s’approfondir en tandem avec une classe moyenne demandant de plus en plus des services plus sophistiqués.

Analyste sur Nextafrique.com.

L. Trame a travaillé au sein de plusieurs banques d'investissements de la place de Paris. Ses centres d'intérêts sont l'économie, la finance de marché et les nouvelles technologies.