A Lusaka, la capitale de la Zambie, s'ouvre à partir de ce jeudi le Forum 2011 de l'African Growth and Opportunity Act (AGOA), qui réunit 37 pays d'Afrique sub-saharienne. A ce forum va participer la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton.
Pour en savoir un peu plus sur l'apport de l'AGOA envers l'Afrique, le professeur Philippe Buyoya, politologue, spécialiste en relations internationales, professeur à l'Université de Lubumbashi et à l'Université Libre de Kinshasa, a reçu l'agence de presse Chine Nouvelle (Xinhua).
"L'AGOA devait en principe bénéficier à la République démocratique du Congo si notre pays avait bien ciblé le secteur où il devait promouvoir sa coopération avec les Etats-Unis, or tel n'a pas été le cas. Nous n'avons pas pu profiter des opportunités que nous a offert l'ouverture au marché américain. Le Congo, avec sa richesse culturelle, textile et même touristique, devait profiter de l'AGOA pour en tirer des dividendes financières comme d'autres pays, tels le Sénégal, l'Afrique du Sud, le Kenya, l'île Maurice, qui aujourd'hui vendent leurs produits aux Etats-Unis. C'est vraiment dommage que nos autorités n'aient pas pu profiter de cette opportunité", a indiqué M. Buyoya;
M. Buyoya a remarqué que le marché américain est ouvert seulement à quelques secteurs tels que le textile et l'art, et la politique de subvention accordée aux produits américains constitue aussi un obstacle aux produits africains.
"Je crois qu'à Lusaka, les participants vont demander la révision des clauses de l'AGOA. Je vous informe que la RDC est exclue de l'AGOA depuis l'année 2011, sur décision de l'administration Obama, à cause du non respect des droits de l'homme. Actuellement le pays est en pourparlers avec les autorités américaines pour que la RDC redevienne éligible auprès de l'AGOA. Je crois que nous devons être présent à l'OGOA pour soutenir la dynamique de changement", a-t-il dit.
"Beaucoup de pays africains ont encore du mal à vraiment bénéficier de l'AGOA", a-t-il regretté.
Pour Madame Gisèle Mbala Bolongo, opératrice économique du secteur du textile et tenancière d'un salon de couture, l'AGOA est une bonne chose dans la mesure où elle est une opportunité pour les opérateurs économique africains de vendre leurs produits au Etats-Unis.
"Cependant il faut apporter des réformes profondes à l'AGOA notamment la facilité pour les opérateurs économiques africains de pouvoir aller aux Etats-Unis pour faire l'étude du marché. Il faut aussi que les échanges entre l'Afrique et les Etats-Unis apportent de la valeur ajoutée aux économies des pays africains et assurent leur croissance, il faut un système de monitoring pouvant permettre aux opérateurs économiques d'être informés suffisamment sur les opportunités de faire des affaires aux Etats-Unis. Or, on se rend compte que les effets de l'AGOA tardent encore à se manifester dans certains pays, comme la RD Congo." a affirmé Mme Gisèle Mbala Bolongo.
Parlant de la RDC, elle a constaté que l'AGOA n'avait pas bénéficié à la RDC. "Cela est du au manque d'informations et de contacts entre les hommes d'affaires américains et les hommes d'affaires congolais. Mais aussi et surtout à l'absence de volonté politique de la part des dirigeants congolais qui n'en ont rien faire que la RDC profite de cette opportunité", a-t-elle souligné.
Elle regrette que la RDC soit exclue de l'AGOA. Selon Mme Gisèle Bolongo, l'AGOA doit être modifiée et devenir une sorte de partenariat gagnant-gagnant entre l'Afrique et les Etats-Unis d'Amérique.
L'écrivain et sociologue Emmanuel Kabongo a affirmé quant à lui que l'AGOA était un instrument du capitalisme.
"C'est un instrument néocolonialisme qui ne peut en aucun cas apporter du bien être aux Africains en général, aux Congolais en particulier. L'économie américaine est fondée sur le protectionnisme, alors, n'attendez pas que l'AGOA vienne développer les économies africaines", a-t- martelé.
Selon lui, les Africains doivent réfléchir afin de promouvoir le développement du commerce inter-africain et développer les échanges commerciaux avec des pays émergents tels que la Chine, l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud, qui ont également un rôle important à jouer dans l'économie mondiale. Le sociologue congolais croit que les accords qui ont créé l'AGOA doivent être révisés en fonction de la nouvelle donne sur l'échiquier économique mondial marqué par la percée des pays émergents. "
Les africains doivent comprendre qu'ils doivent faire de bons choix pour définir les priorités de développement du continent, a conclu M. Emmanuel Kabongo.