La croissance économique de la Guinée atteint les 4,7% à fin 2012 contre -0,3% en 2009. Comment le pays a-t-il réalisé cette remarquable performance en seulement 3 ans dans un contexte économique mondial morose ?
Cette inversion de tendance dans la croissance de l'économie guinéenne est certes dopée par l'accélération des investissements dans le secteur minier et une forte croissance dans l'agriculture, mais aussi par un ensemble de réformes macroéconomiques, monétaires et financières menées par le gouvernement de la Guinée.
Resserrement des politiques macroéconomique et budgétaire
Depuis 2009, la Guinée a échappé à la récession économique qui lui pendait au nez grâce aux efforts vigoureux déployés pour rétablir la discipline budgétaire et éviter le recours au financement bancaire du budget, en maintenant les dépenses au niveau des ressources disponibles, démarche confortée par une politique monétaire rigoureuse de la banque centrale.
Accélération des investissements dans le secteur minier. En 2011, le produit intérieur brut (PIB) réel a progressé de 4 %. Cette croissance est tirée par le rebond du secteur agricole, l amélioration de la productivité du secteur minier et le dynamisme du secteur de la construction, suite au retour de l ordre constitutionnel. Les dépenses de développement, en partie financées par les recettes minières exceptionnelles réalisées en 2011, continueront de privilégier le renforcement des infrastructures, surtout dans les secteurs de l'électricité et des routes.
Hausse des recettes publiques et réduction des dépenses budgétaires. Les recettes publiques ont augmenté plus que prévu au premier semestre de 2012, grâce « à l'amélioration du recouvrement et en dépit de pertes importantes dues aux subventions aux carburants », selon une déclaration d Harry Snoek, chef de division adjoint au Département Afrique du FMI, après une mission effectuée plus tôt cette année en Guinée. Harry Snoek ajoute que les dépenses sont, dans le même temps, restées « nettement dans les limites des objectifs budgétaires ».
Point d'achèvement de l'initiative des Pays pauvres très endettés (PPTE). Le point d achèvement de l initiative PPTE a été atteint le 26 septembre 2012. La Guinée bénéficie ainsi d un allégement de sa dette équivalant à 2,1 Mds $, ce qui représente une réduction de 66 % du futur service de sa dette extérieure sur une période de 40 ans.
Une politique monétaire responsable
La politique monétaire a été marquée en 2011 par un relèvement du taux de constitution des réserves obligatoires et du taux directeur par la Banque centrale de la République de Guinée (BCRG) afin de contrôler les liquidités et freiner l expansion de la masse monétaire.
Ainsi, les autorités se servent de la base monétaire comme ancrage pour contrôler les excédents de liquidités dans l économie et la croissance de la monnaie. Elles ont revu à la hausse (22 %) le taux directeur imposé aux établissements financiers.
Les réserves de change évaluées à 677 millions de dollars couvrent désormais 3 mois d importation.
La dépréciation de la monnaie guinéenne située au alentour de 13% en 2011 a été ramenée à 0,5% en fin octobre 2012 avec un taux de change de 7 250,7 GNF contre un dollar américain.
L'inflation monétaire a reculé à 13,5% en glissement annuel contre 19% en 2011 et 22,1% en 2010. Dans le même temps, la masse monétaire évaluée à 11 798 milliards de francs guinéens (GNF), soit 1,6 milliard de dollars, a connu une progression annuelle de plus de 4%.
De belles perspectives pour 2013-2017 avec le Plan de réduction de la pauvreté
Pour aider à consolider la stabilisation macroéconomique et à jeter les bases solides d'une croissance accélérée et diversifiée de l'économie guinéenne, un projet de loi de des finances 2013 a récemment été soumis au Conseil National de Transition (CNT, parlement transitoire).
Ce projet de loi va dans le sens de la mise en Suvre du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP III) 2013-2017, du plan quinquennal de développement 2011-2015 et des objectifs du millénaire pour le développement (OMD) mis en place par les Nations Unies, le FMI et la Banque Mondiale
Par ailleurs, la projection budgétaire 2013 qui se fonde sur un taux de croissance du PIB de 5% contre 4,7% en 2012 et un taux d'inflation en moyenne annuelle de 10,3%, anticipe un accroissement des recettes du pays allant jusqu à 19,6% pour la direction générale des douanes et 46,92 % pour la direction du patrimoine, des investissements privés et du cadastre.
Attention toutefois au développement humain et social
Malgré l'exécution de cette performance économique et une volonté du pouvoir central d'accroître les ressources consacrées à la réalisation des services sociaux de base (eau, énergie, éducation, infrastructure routières etc.), les populations guinéennes restent encore dans l'attente d'une véritable prise en compte dans l'accomplissement des politiques nationales de développement.
Selon une enquête récente de l'Institut National des statistiques (INS), le seuil de pauvreté est fixé à 3 217 305 GNF par personne et par an (environ 459,615 dollars US), soit 8 936 GNF par jour et par personne (environ 1,27 dollars).
Le chômage touche par ailleurs 30 % des jeunes Guinéens, selon les statistiques rapportées par African Economic Outlook. L instabilité politique, accompagnée du ralentissement récent de la croissance économique, la faiblesse des politiques adaptées aux préoccupations des jeunes, l inadéquation entre la formation et les besoins de l économie guinéenne ont contribué à exacerber le chômage et le sous-emploi de la nouvelle génération.