Près de 870 millions de personnes souffraient de sous-alimentation chronique en 2010-2012 dont 239 millions en Afrique, selon un rapport sur l état de l insécurité alimentaire dans le monde 2012 publié aujourd hui par la FAO.
Le rapport constate que la grande majorité des personnes souffrant de la faim, soit 852 millions, vivent dans les pays en développement - environ 15 pour cent des habitants de ces pays - tandis que 16 millions de personnes sont sous-alimentées dans les pays développés.
Les analystes de la FAO estiment que la crise économique de 2008-2009 n'a pas provoqué, comme on le craignait, un ralentissement économique rapide et immédiat dans de nombreux pays en développement. « Les répercussions de la hausse des prix internationaux des denrées alimentaires sur les marchés intérieurs ont été moins prononcées qu'on ne le pensait à l'époque et beaucoup de gouvernements ont réussi à amortir les chocs et à protéger les plus vulnérables contre les effets de l'accélération des prix », note le communiqué.
L'Afrique, 2e continent le plus touché par la faim
L Afrique est le deuxième continent comptant le plus d affamés après l Asie qui reste la région la plus touchée avec 563 millions de personnes souffrant de faim.
L'Afrique est, toutefois, la seule région du monde où le nombre d'affamés a augmenté au cours de la même période, passant de 175 à 239 millions, dont près de 20 millions au cours des quatre dernières années. La prévalence de la faim, bien que réduite sur toute la période, a augmenté légèrement au cours des trois dernières années, passant de 22,6 à 22,9 pour cent, soit plus d'un Africain sur quatre souffrant de la faim.
En Afrique subsaharienne, les progrès modestes réalisés ces dernières années jusqu'en 2007 se sont inversés, la faim ayant augmenté de 2% par an depuis lors.
Le rapport suggère que si des mesures appropriées sont prises pour inverser le ralentissement de 2007-08 et nourrir ceux qui ont faim, la réalisation de l'Objectif du Millénaire pour le développement, qui consiste à réduire de moitié la proportion de personnes sous-alimentées dans le monde en développement d'ici à 2015, est toujours à portée de main.
Capitaliser sur la croissance agricole
Le rapport souligne que la croissance globale est nécessaire mais non suffisante pour réduire durablement la faim. La croissance agricole est particulièrement efficace dans la réduction de la faim et de la malnutrition dans les pays pauvres, car la plupart des pauvres tirent de l'agriculture et des activités connexes au moins une partie de leurs moyens de subsistance. La croissance agricole impliquant les petits exploitants, notamment les femmes, sera d'autant plus efficace dans la réduction de l'extrême pauvreté et de la faim qu'elle permettra de créer des emplois pour les pauvres.
La croissance ne doit pas seulement profiter aux pauvres, elle doit aussi être « sensible à la nutrition » afin de réduire les différentes formes de malnutrition. La réduction de la faim ne se limite pas simplement à une augmentation de la quantité de nourriture, il s'agit également d'améliorer la qualité des aliments en termes de diversité, d'éléments nutritifs et de salubrité.
Car alors même que près de 870 millions de personnes souffrent de la faim, le monde est de plus en plus confronté à un double fardeau lié à l'alimentation: d'une part, la sous-alimentation chronique et les carences en micronutriments et, d'autre part, l'obésité, le surpoids et les maladies non transmissibles qui en dérivent et qui affectent plus de 1,4 milliard de personnes dans le monde.
A ce jour, le lien entre la croissance économique et une meilleure nutrition a été sous-estimé, selon le rapport qui plaide pour une approche intégrée agriculture-nutrition-cadre santé.
Initier des systèmes de protection sociale
La croissance est évidemment importante, mais elle n'est pas toujours suffisante ou assez rapide. Par conséquent, des systèmes de protection sociale sont nécessaires pour s'assurer que les plus vulnérables ne soient pas laissés pour compte et puissent également participer, contribuer et bénéficier de la croissance. Des mesures telles que les transferts en espèces, les bons alimentaires ou l'assurance santé sont nécessaires pour les plus vulnérables qui, souvent, ne peuvent pas profiter directement des opportunités de croissance.
La protection sociale peut améliorer la nutrition des jeunes enfants - un investissement qui sera rentable à l'avenir avec des adultes plus instruits, plus forts et plus sains. Avec une protection sociale efficace, complétant une croissance économique incluant tous les secteurs clés, la faim et la malnutrition peuvent être éliminées.
« Si la réduction annuelle moyenne de la faim des 20 dernières années se poursuit jusqu'en 2015, le pourcentage de la sous-alimentation dans les pays en développement devrait atteindre 12,5 pour cent, toujours au-dessus de l'OMD de 11,6 pour cent, mais beaucoup plus près de cet objectif que précédemment estimé », lit-on dans le rapport de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture.