Après en avoir été absent depuis 1995, le Gabon vient de réintégrer l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Libreville avait quitté le cartel des producteurs pétroliers il y a vingt ans après le refus de l’OPEP de diminuer la contribution annuelle du Gabon au budget de l’organisation. Le retour du Gabon à ce cartel est loin d’être étranger à la crise pétrolière actuelle, selon les observateurs.
En effet, les comptes publics du Gabon ont été durement impactés par la chute du pétrole, qui pèse pour 32 % des recettes publiques consolidées et 65 % des exportations du Gabon, selon l’agence Moody’s qui avait placé début mars la note souveraine du pays (Ba3) sous examen avec possibilité de la réviser à la baisse. En cause, l’impact de la chute du prix du pétrole sur les finances publiques, les réserves extérieures et les comptes externes du pays. L’agence de notation estimait par exemple, qu’en pourcentage du PIB, les recettes du Gabon ont chuté de 4,5 points entre 2013 et 2015. Le Gabon est ainsi passé d’un excédent budgétaire de +1,8 % du PIB en 2013 à un déficit de -2,2 % en 2015.
Par ailleurs, le pays a un plan de développement, dont le financement est principalement basé sur la rente pétrolière. Le Gabon dispose de projets structurant liés au développement des hydrocarbures axés sur la société nationale des hydrocarbures (Gabon Oil Company (GOC)), la nouvelle loi pétrolière, la mise en place d’une nouvelle politique de contenu local, la construction d’une nouvelle raffinerie et la monétisation du gaz. « L’expérience des pays de l’Opep pourrait être un avantage pour notre pays », explique Etienne Ngoubou, ministre du Pétrole.
Fort de ses 200.000 tonnes par an de production pétrolière, le pays devient le 14ème pays membre de l'organisation, où il retrouve d'autres pays africains comme l'Algérie, l'Angola, la Libye et le Nigeria. Il devient le seul pays de la Communauté économique et monétaire d'Afrique Centrale (CEMAC) membre de l'OPEP. Le Tchad, le Cameroun, la Guinée équatoriale et le Congo d'autres pays producteurs de pétrole de la CEMAC ne sont pas membres de cette institution.
Cependant, l’OPEP, que le Gabon va intégrer, a aujourd’hui de moins en moins d’emprise sur le prix du baril, constate le journal Le Nouveau Gabon. L’organisation est affaiblie par les tensions internes entre les membres. Certains pays n’hésitent pas à violer ses quotas de production en période de crise. Face à la puissance des marchés de New York et de Londres, l’Opep a du mal à tenir son rang tant elle a du mal à étendre sa zone d’influence. Elle n’est donc plus en mesure d’influencer comme elle souhaiterait les économies des pays du Nord, ni de déterminer les cours du baril.
En 2014, l’Opep a représenté 41% de la production mondiale. Ses pays membres disposent de 71,6 % des réserves mondiales, soit 1216 milliards de barils. Le Gabon n’a peut-être pas fait le mauvais choix en misant sur l’Opep. Selon le ministre du Pétrole, Etienne Dieudonné Ngoubou : « L’industrialisation du secteur pétrolier impose aujourd’hui au gouvernement gabonais de réintégrer l’Opep ». Avec sept compagnies en production dont des grandes multinationales comme Shell, Total et Perenco qui peuvent produire chacune plus de 50 000 barils/jour, le Gabon peut bien assurer son quota de production malgré la baisse des réserves.